Ils sont forts ces Turcs
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 13 avril 2021 11:04
- Écrit par Claude Séné
Après le camouflet infligé à l’Europe en la personne de la présidente de la commission, Ursula Von der Leyen par le président turc Recep Tayyip Erdogan, reléguée sur un canapé pendant que ses homologues masculins occupaient des fauteuils, la Turquie fait à nouveau l’actualité avec le projet de construction d’une école musulmane à Albertville. Le maire de la ville, opposé au projet, a été sommé par la justice de délivrer le permis de construire, rien ne permettant à ce stade de le refuser. Et d’ailleurs, ce n’est pas un bâtiment qui est contesté, mais l’enseignement qui pourrait y être dispensé.
Les écoles privées confessionnelles sont loin d’être une nouveauté en France, et le projet de les intégrer dans un grand service public de l’éducation ne date pas d’hier. François Mitterrand a dû y renoncer en 1984 devant l’ampleur des réactions au projet de loi Savary, qui prévoyait la réunification. Le mouvement de l’histoire a cependant fait son œuvre et le public est très largement majoritaire tandis que le privé a passé des accords qui lui donnent délégation de service public, à condition de se plier aux contrôles de l’état sur le respect du contrat d’association. La donne a changé avec la montée de l’islamisme en France et les craintes suscitées par les écoles coraniques et plus globalement par les pratiques cultuelles et culturelles, exploitées par l’extrême droite et ceux qui courent derrière elle. Les musulmans, qui trouvaient souvent refuge dans les écoles catholiques, se sont mis à vouloir leurs propres écoles, et le gouvernement s’en inquiète, plus ou moins sincèrement, en faisant voter en ce moment une loi contre le « séparatisme ».
Jusqu’à présent, les écoles privées, catholiques, juives ou bouddhistes s’il y en a, ne posaient aucun souci au chef de l’état. Il était plus circonspect sur l’enseignement à la maison, pouvant cacher des dérives sectaires, d’où la généralisation de l’obligation scolaire dès 3 ans. Mais c’est visiblement la Turquie qui l’inquiète le plus. Comme on le sait, qui paye décide. Les pays du Maghreb et du Proche-Orient sont sur une ligne modérée et plutôt conciliante, tandis que les relations entre l’Europe en général, et la France en particulier, et la Turquie sont exécrables, à l’image de celles de leurs présidents respectifs. Erdogan a quand même traité publiquement Macron de fou, ce qui est assez rare entre chefs d’État. Si le projet d’école primaire aboutit à Albertville, il faudra que la France se détermine sur le caractère légal de l’enseignement qui y sera prodigué, et s’il est compatible avec les valeurs de la République. Sauf à démontrer que l’association Confédération islamique Millî Görüs à l’origine du projet poursuit des objectifs terroristes, il sera difficile de s’y opposer.