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Panne de démocratie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 2 avril 2021 11:03
- Écrit par Claude Séné
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Ceux que le pouvoir en place met un point d’honneur à appeler « les oppositions » pour bien insister sur le fait qu’ils ne présentent pas un front uni contre lui, ont finalement décidé de s’abstenir dans le vote parlementaire suivant la présentation par le Premier ministre des décisions déjà annoncées la veille par le président de la République. Ce qui ne change strictement rien puisque la Rem est largement majoritaire à l’Assemblée nationale, et qu’elle a le dernier mot sur le Sénat en cas de désaccord.
Pour verrouiller encore plus la décision, le gouvernement avait pris soin d’indiquer que le vote ne serait qu’indicatif, au cas bien improbable où les députés de la majorité auraient eu l’idée saugrenue de ne pas voter en faveur des mesures décidées en haut lieu. Les défenseurs du pouvoir font valoir qu’il est nécessaire de prendre des décisions au jour le jour et qu’il est impossible de consulter les parlementaires sur chaque point particulier, car cela prendrait trop de temps. Certes, mais cela fait un an passé que nous subissons la pandémie, sans que les orientations générales aient jamais été débattues. Pire encore, certains partis politiques ou certaines personnalités ont émis des suggestions, bonnes ou mauvaises, qui n’ont pas été examinées publiquement, et le Premier ministre a le culot de prétendre qu’on ne lui a fait aucune proposition. Non seulement l’opposition est totalement écartée de la réflexion, s’il en existe une, mais la majorité elle-même n’a aucune voix au chapitre. Comme c’était déjà le cas pour faire passer des réformes élaborées dans le secret des cabinets, les députés godillots n’ont qu’à voter pour les propositions du gouvernement, lui-même simple émanation du pouvoir central d’un seul homme.
Au mieux, le président consulte, puis tranche, souvent tardivement, quand il n’est plus possible d’attendre et que les options se sont réduites au point de ne plus avoir de choix, ou presque. Si la majorité lui faisait défaut, il peut toujours décider de passer par l’article 49.3 de la constitution ou légiférer par ordonnance, ce qu’il fait en permanence au nom de l’urgence sanitaire. La bascule institutionnelle s’est produite au moment du passage au quinquennat et son corollaire de l’inversion du calendrier. Depuis lors, la prime énorme au parti présidentiel n’a cessé de fabriquer des majorités monolithiques, au point que les présidents successifs se sont retrouvés avec des pouvoirs exorbitants, qui leur ont épargné de faire appel à l’article 16 de la Constitution leur permettant d’obtenir « les pleins pouvoirs » en cas de situation exceptionnelle. Nous voyons déjà les dérives d’une forme de monarchie républicaine quand le président élu garde un certain respect des institutions, mais nous pourrions craindre le pire si les Français décidaient de confier leur destin à des politiciens d’extrême droite, qui n’auraient probablement aucun scrupule à profiter des faiblesses de notre démocratie.
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