L’heure du choix

Voilà plusieurs semaines que le Président Macron s’efforce de convaincre les Français qu’il fait ce qu’il peut pour retarder la mise en place d’un confinement général, alors qu’il a visiblement pris la décision, sans la révéler, de ne pas recourir à cette mesure, à moins d’y être totalement contraint. La formule du « quoi qu’il en coûte » doit se comprendre à présent en termes de décès et non en termes économiques comme à l’origine. Le seuil des 87 000 décès liés au Covid a été dépassé au 1er mars 2021, et les chiffres journaliers sont de plusieurs centaines de morts.

Il semble que cette réalité soit plus facile à admettre de la part de la population que les éventuelles mesures de restriction qu’il faudrait mettre en place pour faire reculer l’épidémie. Le président a déjà décidé, ce qui est normal, car c’est de son ressort, mais il s’est bien gardé de l’expliquer honnêtement et encore moins de consulter sérieusement les Français pour leur mettre le marché en main. Ce qui n’est pas admissible, c’est de faire ses coups en douce et de ne pas donner les raisons véritables qui le conduisent à refuser un nouveau confinement. Pour beaucoup de spécialistes de l’opinion, le degré d’acceptabilité de mesures contraignantes est devenu très faible. Le risque est grand d’être blâmé en tant que messager porteur de mauvaises nouvelles, alors qu’en toute objectivité ce n’est pas Emmanuel Macron qui est responsable d’une épidémie qu’aucun expert n’a vue venir. Il se dirait même qu’il joue l’éventualité d’une réélection sur l’opinion d’une majorité de sa gestion de la crise. Il y a déjà eu suffisamment d’erreurs et de boulettes sur les masques, les tests et maintenant la pénurie de vaccins, pour ne pas en rajouter une couche.

Alors il s’agit d’habiller les décisions prises sous la contrainte en leur donnant un sens positif. Si nous n’avons pas fermé les écoles, contrairement à beaucoup de nos voisins, c’est bien sûr parce que nous attachons plus d’importance qu’eux à la réussite de nos enfants, et non pas pour éviter le chômage indemnisé des parents forcés de rester garder leurs enfants à domicile. Nous avons donc choisi de maintenir l’activité économique au plus haut niveau possible en escomptant que la vaccination va réussir à faire baisser les contaminations. Cela finira par arriver, je l’espère, mais nous avons pris beaucoup de retard, ce qui se paiera en décès liés à l’épidémie et aussi en pertes de chances pour les patients atteints d’autres pathologies graves, obligés d’attendre qu’il y ait de nouveau des places pour les opérations et les prises en charge de leurs affections. Faute de mieux, la célèbre méthode Coué va reprendre du service. Le Premier ministre devrait annoncer aujourd’hui le bout du tunnel pour la mi-avril. Ça ne mange pas de pain.

Commentaires  

#1 jacotte 86 04-03-2021 09:38
la politique c'est du grand art, celui du mensonge et de l'hypocrisie , Macron est passé grand maitre!
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