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La porte du placard
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 3 mars 2021 10:42
- Écrit par Claude Séné
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Ça y est ! Le gouvernement a retrouvé la clé du placard dans lequel étaient remisées les réformes les plus impopulaires et notamment celle qui concerne les règles de l’indemnisation du chômage. La réforme décidée par l’état en raison d’un désaccord persistant entre les partenaires sociaux en juillet 2019 a été repoussée à plusieurs reprises en raison de la situation sanitaire. Alors que l’épidémie est loin d’être sous contrôle, Élisabeth Borne, ministre du Travail chargée du dossier, a annoncé des mesures qui prendront effet dès le 1er juillet prochain.
L’objectif annoncé était, et sera toujours, de faire des économies sur le dos des cotisants : les salariés débourseraient plus d’un milliard par an. Encore faudra-t-il que le marché de l’emploi le permette. Les mesures de soutien ont permis de limiter la casse, mais les faillites évitées reviendront probablement avec un effet retard, et la stabilisation des pertes d’emploi cache mal une situation à venir très difficile. À tel point que si les efforts demandés aux salariés rentreront en vigueur très rapidement, les entreprises auront un sursis en fonction de la situation économique du pays. Ce qui n’empêche pas le MEDEF d’être hostile à la réforme, car elle prévoit de taxer les contrats courts. Même opposition unanime, et c’est notable, car très rare, des syndicats, y compris les réformistes, habituels soutiens de la majorité. Le gouvernement aura réussi à l’occasion de cette réforme, dont l’urgence échappe aux observateurs les plus attentifs, à faire l’unanimité contre lui, dans un moment où les préoccupations sont visiblement ailleurs. C’est d’autant plus injuste que seuls les salariés vont subir le poids de ces économies forcées, alors que des délais seront accordés aux entreprises, au point de retarder l’application de certains points après les élections présidentielles, pour, peut-être, être purement et simplement abandonnés en fonction des résultats.
Ce qui est paradoxal, c’est de dépenser sans compter, ou si peu, des dizaines de milliards pour soutenir l’économie et lutter contre la pandémie, tout en économisant des bouts de chandelles, au prix de la précarisation et de la paupérisation des personnes les plus fragiles, dans une période où il va devenir de plus en plus difficile de trouver un travail, et encore moins pérenne. Il y a fort à craindre que l’argent économisé d’une main ne doive être redistribué de l’autre sous forme d’aide sociale. Et tout ça au nom d’un dogme vieux comme le capitalisme, qui veut que le travailleur ne soit qu’un paresseux qu’il faut contraindre à chercher un boulot pour éviter qu’il se complaise dans un assistanat permanent sans lever le petit doigt pour s’en sortir. S’il y avait en France un réservoir d’emplois capable d’éponger les 3 ou 6 millions de travailleurs sans boulot, indemnisés ou non, cela se saurait.