Batterie de cuisine
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 2 mars 2021 10:25
- Écrit par Super User
En France, on ne commente pas une décision de justice. Je me garderai donc bien de me féliciter, malgré toute l’envie que j’en ai, et encore moins de me désoler comme le ban et l’arrière-ban de la droite, depuis sa frange la plus extrême, celle du Rassemblement national et ses larmes de crocodile jusqu’au ministre de l’Intérieur qui ne se cache pas de ses préférences au-delà de son appartenance provisoire à la république en marche, de la condamnation de l’ancien président de la République à une peine de 3 ans de prison dont 2 avec sursis.
Si je compte bien, il en reste un ferme à exécuter. On se dit que cette peine sera certainement aménagée. Imagine-t-on le général de Gaulle passer ne serait-ce qu’une nuit sur la paille humide du cachot ? Pourtant, un certain Nicolas Sarkozy, du temps (en 2015) où il était question de revoir la loi, prônait la sévérité pour les peines supérieures à 6 mois en excluant le recours au bracelet électronique. Avant que ce verdict ne tombe, j’entendais sur une chaîne d’information continue un syndicaliste policier expliquer que le principal problème de la délinquance, c’est le sentiment d’impunité qu’éprouvaient les auteurs, qui constataient que leurs méfaits restaient sans sanction. Il pensait évidemment aux « bandes » qui commettent des exactions et enfreignent régulièrement la loi sans être inquiétées outre mesure. Cette déclaration pourrait s’appliquer également à la délinquance en col blanc. Après cette condamnation, on peut se dire que le statut ne protège pas obligatoirement de toute poursuite, contrairement à l’impression générale, pas toujours trompeuse.
C’est le garde des Sceaux lui-même qui a déclaré, pas plus tard qu’hier, que la justice devait être plus rapide, en réaction aux affaires de rixes entre jeunes qui ont endeuillé la région parisienne. Éric Dupond-Moretti évoquait la réforme de la justice des mineurs qui doit réduire les délais avant jugement. Il pourrait s’en inspirer pour faire en sorte que les politiques suspectés de faits aussi graves que la corruption ne puissent pas faire traîner les procédures au-delà d’un délai raisonnable, tout en respectant les droits de la défense. Nicolas Sarkozy va naturellement faire appel, il épuisera, si nécessaire, tous les recours mis à la disposition des justiciables, de la Cour de cassation à la Cour de justice européenne, et peut-être parviendra-t-il à échapper à une incarcération infamante, mais il n’est pas pour autant au bout de ses peines, tant les casseroles qu’il traîne derrière lui sont nombreuses et sonores. Même si cette condamnation ferme devait être la seule des affaires où il soit sanctionné, elle aurait une valeur symbolique de démonstration qu’un politique n’est pas au-dessus des lois et doit rendre compte de ses actes. C’est la fonction qui doit être respectée, et elle implique l’exemplarité.
Commentaires
Mais je serai la première à féliciter une justice impartiale !!