À quoi servent vraiment les contrôles d’identité ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 20 février 2021 10:39
- Écrit par Claude Séné
La défenseure des droits s’est attiré la colère du président Macron pour avoir osé suggérer la nécessité de la traçabilité des contrôles d’identité, voire d’expérimenter des zones sans contrôle d’identité. Plutôt que d’essayer d’atténuer les effets négatifs de contrôles décidés en fonction de l’âge, du sexe, de la couleur de peau, communément désignés sous le terme de « contrôle au faciès » Claire Hédon pose clairement la question à mon avis la plus importante : ces contrôles sont-ils vraiment justifiés ?
Pour le savoir, il faudrait déjà commencer par les recenser. L’évaluation effectuée par un député de la France insoumise donne une fourchette entre 5 millions et 10 millions par an, ce qui est énorme, même dans l’hypothèse basse. Ce déploiement massif de forces ne serait suivi de poursuites que dans environ 5 % des cas. Un pourcentage logique en relation avec les techniques utilisées. La plupart des contrôles s’appuient sur des opérations de routine, une sorte de chalut lancé de façon aléatoire. Il faut beaucoup de chance dans ces conditions pour ramener un gros poisson, et la plus grande partie du menu fretin doit être remis à l’eau, faute de faire la taille minimum de la maille du filet. En dehors de ces contrôles systématiques et aléatoires, la police et la gendarmerie vont avoir tendance à cibler des personnes susceptibles de ne pas être en règle, comme des étrangers en situation irrégulière. Rien d’étonnant alors qu’un homme jeune « perçu comme noir ou arabe » ait selon Jacques Toubon, qui a précédé Claire Hédon à ce poste, 20 fois plus de risques d’être contrôlé.
Mais la véritable fonction de ces contrôles d’identité ne serait-elle pas de manifester la prééminence de la force publique, notamment vis-à-vis des populations dans les quartiers dits sensibles ? Les témoignages sont légion de contrôles répétés sur les mêmes personnes, parfaitement connues des policiers, qui les appellent parfois par leur prénom. Il s’agit là de pratiques purement vexatoires, qui ne se limitent généralement pas à la vérification des papiers, mais s’étendent à des fouilles ou des palpations, avec l’espoir de trouver un motif d’interpellation, mais en prenant le risque d’un refus d’obtempérer, dont on a vu que les conséquences pouvaient être dramatiques. Au moment où l’état en demande toujours plus aux gendarmes et aux policiers sur des contrôles administratifs peu efficaces et chronophages, on pourrait gagner un temps précieux pour recentrer les forces de l’ordre sur leurs missions principales de prévention des crimes et des délits, et de poursuite des auteurs d’infraction. Ou, par exemple, de permettre à une femme agressée par un voisin de déposer rapidement sa plainte sans devoir faire 4 heures de queue avec sa fille en bas âge au commissariat du quartier.