On ne tire pas sur une ambulance

La formule, cruelle, émanait de Françoise Giroud, et visait la candidature de Jacques Chaban-Delmas à la présidence de la république en 1974 après le décès de Georges Pompidou. Le candidat « naturel » de la droite, l’héritier désigné du gaullisme, n’avait aucune maitrise des médias et il était pathétique à la télévision. La journaliste lui prédisait avec raison une défaite annoncée entre François Mitterrand et Valery Giscard d’Estaing. Cette formule empreinte de charité impitoyable est restée, mais elle semble lettre morte à propos de la contamination d’Emmanuel Macron par le Covid 19.

À tort ou à raison, les opposants irréductibles au président de la République ne retiendront que le fait, objectif, que malgré les recommandations en tous genres qui sont prodiguées aux Français, celui qui représente le pays a attrapé la maladie. Bien sûr, il n’est pas le premier chef d’état ou de gouvernement à avoir été infecté, mais les précurseurs ont souvent été des sceptiques qui revendiquaient de ne prendre aucune précaution. Cela a été le cas de Donald Trump ou de Jaïr Bolsonaro, mais aussi de Boris Johnson, durement éprouvé par le virus, qui a changé d’avis et de politique en étant touché personnellement, tandis que les premiers cités continuaient de fanfaronner en clamant avoir vaincu le coronavirus. En ce qui concerne l’opinion publique, il est trop tôt pour mesurer les effets de cette contamination d’Emmanuel Macron. Bénéficiera-t-il d’un effet d’empathie, après tout, il est comme nous, il peut être victime d’une maladie qui frappe un peu tout le monde ? Ou au contraire, sera-t-il critiqué pour avoir pratiqué le « faites ce que je vous dis, et pas ce que je fais ? »

Certains opposants ont déjà souligné que le chef de l’état voit beaucoup de monde, ce qui est inhérent à sa fonction, mais en présentiel, quand une visioconférence serait aussi efficace, ce que les autorités recommandent aux simples citoyens. Il reçoit beaucoup à dîner, et ne se limite pas aux 6 convives recommandés, ce qui est un facteur de risque reconnu, puisqu’il faut bien ôter son masque pendant le repas. Il est ainsi amené à ne pas respecter le couvre-feu imposé aux autres Français. Encore une fois, deux réactions sont possibles. On peut accepter et comprendre qu’un chef d’État bénéficie de passe-droits en raison de sa fonction, surtout s’il n’en abuse pas. On peut aussi penser et exiger que l’exemple doive venir d’en haut, et que le chef s’honore à se comporter de façon irréprochable. Je ne reprendrai pas la litanie déroulée par Ségolène Royal à propos de tout et de n’importe quoi, mais il pourrait être intéressant de s’interroger sur la manière dont le Général de Gaulle, tellement encensé depuis qu’il n’est plus là, aurait agi en semblable circonstance.

Commentaires  

#1 jacotte 86 18-12-2020 11:40
vu sa tailles il ne craignait rien il avait le nez au dessus du virus, il se serait cru intouchable, peut-être Jupiter a t-il la même faiblesse...
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