Mais que fait la police ?
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 17 décembre 2020 10:17
- Écrit par Claude Séné
Vous savez peut-être ce que répondait Coluche : elle fait ce qu’elle peut, pasque si elle ferait ce qu’elle voudrait, elle ferait rien ! et certains jours, on préfèrerait. Attention, Coluche disait également que sous le képi battait aussi un cœur, et c’est vrai que la police exécute avant tout les ordres venus d’en haut. La meilleure preuve c’est samedi dernier, quand aucune vitrine n’a été cassée à Paris, aucune voiture incendiée à l’occasion de la manif hebdomadaire contre la loi sécurité globale et son article 24 notamment.
Pourquoi ? Pas parce que les black blocs auraient décidé de faire un break ou se seraient sabordés volontairement, mais tout bêtement parce que les autorités avaient mobilisé plus de policiers que les organisateurs n’avaient réuni de participants. Quand on dit qu’on ne peut pas mettre un policier derrière chaque Français, et bien c’est faux, et c’est quand même inquiétant. De même que le fameux argument selon lequel on n’a rien à craindre si l’on n’a rien fait de mal est démenti quotidiennement et notamment si l’on est en train de manifester pacifiquement. Selon le ministre de l’Intérieur, qui a passé le temps en twittant frénétiquement le décompte des arrestations, 142 « casseurs » ont été ainsi arrêtés, mais les trois quarts d’entre eux ont dû être relâchés sans suite aucune, certains ne faisant que leur travail de journalistes, et d’autres n’ayant eu comme unique tort que de porter un vêtement ou un parapluie noir, les rendant éminemment suspects. Finalement, l’absence de casse, dont je me suis dans un premier temps réjoui comme tout un chacun, ne serait donc pas une si bonne nouvelle que ça. Elle présente l’avantage de démontrer qu’il est possible de neutraliser les fauteurs de trouble, si l’on y met les moyens, mais souligne en creux la dérive autoritaire d’un pouvoir dépassé par les évènements.
On constatait déjà la crise de confiance et le fossé qui s’est creusé entre la population et la police qui est supposée la protéger. Il faut y ajouter le hiatus entre les fonctionnaires du terrain et la hiérarchie politique. Les policiers se sont sentis lâchés, sans doute à juste titre, par le président qui a reconnu des violences et une discrimination au faciès. Ils ont donc décliné poliment l’invitation présidentielle à une nouvelle parlote faisant office de pansement et baptisée pompeusement « Beauvau de la sécurité », semblant avoir tiré les leçons des précédents coups d’épée dans l’eau sur la Santé, l’Environnement, l’Éducation et j’en passe. Là où je ne pourrai pas les suivre, c’est lorsqu’ils semblent réclamer une forme d’impunité en mettant sur le même plan les policiers qui ont frappé sans raison Michel Zecler à Paris et des délinquants parfois laissés en liberté. La police se doit d’être irréprochable, sous peine de détruire ce qui reste de confiance dans son impartialité.
Commentaires