Magouille blues
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 23 septembre 2020 11:10
- Écrit par Claude Séné
Alors, je sais, une mise en garde à vue ne signifie pas reconnaissance de culpabilité. L’avocat de Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby, se dit persuadé de l’innocence de son client dans l’affaire d’un supposé favoritisme envers le club de Montpellier qui appartient à son ami, le milliardaire Mohed Altrad également entendu par le Parquet national financier. L’argument est imparable : « s’il y avait quelque chose de sérieux dans le dossier, je le saurais », avance-t-il. Peut-être. Mais le dirait-il ? Son métier n’est-il pas de le défendre, quelle que soit la réalité des faits ?
Donc, Bernard Laporte est réputé innocent jusqu’à preuve du contraire. Il est d’ailleurs possible qu’à l’issue de sa garde à vue, il soit purement et simplement libéré sans qu’aucune charge soit retenue contre lui. Ce qui ne plaide pas en sa faveur, c’est sa réputation d’arriviste prêt à tout pour réussir. Sportivement, d’abord, ce qui est légitime tant que les moyens utilisés restent dans le cadre de la légalité et de l’éthique individuelle et collective, politiquement ensuite, bien qu’il ait touché probablement son bâton de maréchal en devenant secrétaire d’État aux sports dans le gouvernement de François Fillon pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, avec des fortunes diverses, financièrement enfin, avec des investissements fructueux notamment dans les casinos. Et Bernard Laporte semble mélanger allègrement des domaines qui devraient rester séparés, changeant de casquette au gré des évènements et paraissant flirter sans arrêt avec les lignes rouges.
Comment ne peut-il pas s’être rendu compte que l’attribution d’un contrat de sponsoring au groupe de son ami Altrad pour le maillot de l’équipe de France ne pourrait que soulever des questions, voire des soupçons de favoritisme ? D’autant plus si le contrat d’origine prévoyait une rémunération de 150 000 euros pour animer quelques séminaires, somme à laquelle il a finalement renoncé après la divulgation de cette clause secrète. Et comment ne pas penser à un renvoi d’ascenseur quand le club de Montpellier a vu sa sanction pour une banderole hostile à la Ligue nationale de rugby, une rivale de l’organisation de Bernard Laporte, considérablement allégée grâce à l’intervention supposée du président de la FFR. Je ne sais pas si les magistrats du Parquet national financier trouveront suffisamment de preuves, ou d’indices graves et concordants indiquant un conflit d’intérêts et même des pratiques avérées d’une sorte de collusion sinon de corruption, mais en ce qui me concerne ma religion est faite, et j’ai l’impression que le tribunal médiatique, qui est parfois injuste, il faut le reconnaitre, ne s’y est pas trompé cette fois-là et aura condamné à juste titre un comportement plus que douteux.