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À corps défendant
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 21 septembre 2020 10:39
- Écrit par Claude Séné
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La question revient régulièrement sous des formes variées. Depuis la rentrée, c’est la guerre du nombril, jugé ostentatoire par certains depuis l’avènement de la mode du « crop top », cet anglicisme qui désigne un vêtement « du haut » laissant apparaître une partie du ventre et notamment le fameux ombilic qu’il faudrait cacher, car il « distrait » les pauvres garçons incapables de contrôler leurs pulsions selon les nouvelles ligues de vertu. Autre vêtement dans le collimateur, la jupe, trop courte ou trop longue, à laquelle on attribue une fonction militante du seul fait de la préférer au jogging qui permet de dissimuler les formes.
Alors comment faut-il s’habiller pour aller à l’école ? La réponse est pourtant simple, c’est le ministre de l’Éducation qui le dit, il suffit de s’habiller « normalement ». Au cas où ce ne serait pas clair pour tout le monde, Jean-Michel Blanquer précise : il faut être habillé d’une façon républicaine. Voyons un peu. Une jupe républicaine doit-elle être fabriquée dans de la toile à drapeau, si possible en bleu blanc rouge ? Connaissant le côté moderne, voire avant-gardiste du sémillant ministre, je ne serais pas étonné qu’il revienne au bon vieux temps des blouses, dont la couleur changeait toutes les deux semaines pour s’assurer de leur nettoyage, du moins pour les filles, car les garçons pouvaient garder la même blouse grise toute l’année, sans la laver, sans que ça dérange personne, excepté les nez sensibles. C’est vrai que dans certains pays le port de l’uniforme gomme en apparence les différences sociales, mais ce n’est pas la tradition en France.
Les jeunes filles réclament le droit de s’habiller comme elles le veulent, en faisant remarquer que la question n’est pas posée pour les tenues des garçons, qui peuvent porter le même short que les filles sans qu’on leur fasse de remarques. Elles posent une vraie question, celle de l’hyper sexualisation dès le plus jeune âge. Voilà déjà longtemps que dès l’école primaire certaines gamines prépubères sont fagotées comme des Lolitas ou des poupées Barbie, à leur demande ou pour faire plaisir à des parents mal inspirés. Si le modèle nous vient des États-Unis, comme souvent, la pente en est inquiétante. Alors que ce sont les USA qui ont lancé la mode des mini miss, les concours de beauté destinés aux très petites filles, ils s’offusquent au premier degré devant le film Mignonnes, qui dénonce précisément ces pratiques, en y voyant l’apologie du monstre qu’ils ont eux-mêmes créé. Dans l’hystérisation qui entoure la tenue vestimentaire des écolières en France, on voit poindre ce mélange détonant de puritanisme et d’exhibition qui se nourrissent mutuellement. Et ce n’est pas un hasard si le symbole de la contestation passe de plus en plus souvent par l’inscription sur le torse nu des Femen de slogans radicaux.