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Polémique
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 15 septembre 2020 09:40
- Écrit par Claude Séné
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L’ancien ministre de l’Intérieur et nouveau président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, Christophe Castaner, élu non sans mal la semaine dernière, n’aura pas eu longtemps à attendre pour faire son baptême du feu. Les élus et ministres de la majorité présidentielle se sont écharpés par réseaux sociaux interposés sur un non-évènement qui a pris des proportions démesurées. Il met en scène une journaliste du Figaro, Judith Waintraub, polémiste professionnelle, qui ne fait pas mystère de ses convictions anti islamistes, ce qui est parfaitement son droit.
Judith Waintraub a relayé sur Twitter une publication apparemment anodine, celle d’Imane Boun, donnant des conseils de cuisine bon marché à l’intention des étudiants impécunieux. Elle publie sa vidéo en portant un voile couvrant les cheveux, ce qui, à ma connaissance, n’est pas interdit. La journaliste cite le post et l’accompagne d’un simple « 11 septembre », faisant un lien entre terrorisme et voile islamique. Cette provocation va atteindre son but puisqu’elle est depuis menacée de mort par de courageux anonymes qui eux l’amalgament, à mon avis à tort, à Charlie, et ses caricatures du prophète. Les islamistes ont bien décodé le sens hostile du message de la journaliste, qui s’est servie d’un prétexte n’ayant à mon sens pas valeur de symbole, et sont tombés dans le panneau. Les élus, Gérald Darmanin en tête, n’ont évidemment pas d’autre choix que de condamner fermement les menaces, quelle que soit la cible déclarée. Ce soutien forcé, obtenu après des interpellations telles que celle de Zineb El Rhazoui, écrivaine franco-marocaine, à l’adresse de Laetitia Avia ou des ministres Nadia Hai, Gérald Darmanin ou Marlène Schiappa, ne vaut pas approbation de la méthode employée par Judith Waintraub.
Seulement, il est devenu inaudible de critiquer la journaliste du Figaro sous peine de passer pour un suppôt de l’islamisme et d’être soupçonné de sympathies terroristes. Quand Charlie hebdo publie les caricatures du prophète, parues dans un journal suédois auparavant, ou quand il les remet à sa une comme la semaine dernière, c’est un geste fort, destiné à démontrer son attachement indéfectible à la liberté de la presse et à la liberté d’opinion. Son sens en est compris de tous. Les journalistes, surtout maintenant, ne peuvent plus ignorer le risque effroyable qu’ils prennent. J’ai beaucoup de mal à déceler le courage nécessaire pour sous-entendre des motivations terroristes en portant le voile dans une vidéo diffusée sur BFMTV. Un tel procédé porte un nom, c’est celui d’amalgame, et il n’honore pas ceux qui y ont recours. Si la période actuelle inspire tellement la journaliste du Figaro, avec en particulier la tenue du procès des complices présumés dans les attaques de 2015, qu’elle s’en prenne aux idéologues du mouvement et non aux simples adeptes qui suivent les prescriptions. Elle fera peut-être alors œuvre utile.