État de choc
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 23 juillet 2020 10:38
- Écrit par Claude Séné
Plus le temps passe, et plus on en apprend sur les circonstances de la mort de Cédric Chouviat, ce livreur décédé à l’hôpital 48 heures après son interpellation musclée par des policiers au cours d’un contrôle routier. L’enquête de l’IGPN contredit la version des policiers et dément le rapport rédigé par les intéressés à l’intention de leur hiérarchie. Un des avocats qui défend deux des mis en cause dans cette affaire a justifié ce rapport « erroné » par l’état de choc dans lequel se trouvaient ses clients en découvrant la gravité de la situation.
Je suis désolé, mais ceux qui sont légitimement en état de choc, ce sont les membres de la famille qui ont perdu un de leurs proches, et par extension et empathie, tous ceux qui se demandent s’il ne peut pas leur arriver la même chose au cours d’un banal contrôle de routine, pour un mot de travers. On apprend ainsi que le policier qui a rédigé le rapport était le compagnon de la policière présente sur place et placée sous le statut de témoin assisté, alors qu’il n’avait pas pris part aux opérations. C’est pourquoi il aurait « oublié » de mentionner l’étranglement arrière pratiqué sur Cédric Chouviat pour l’amener à terre, parlant seulement de contrôle de tête. Un détail selon Maitre Liénard, qui insiste sur le traumatisme subi par ses clients. Un avocat pleinement dans son rôle quand il affirme que ses clients n’ont « évidemment » pas entendu la victime crier à 7 reprises qu’il étouffait, sans quoi, ils lui auraient immédiatement porté secours, naturellement. Si le sujet n’était pas si grave, on trouverait cette défense puérile risible. Un peu comme dans le sketch de Coluche où un policier d’opérette explique qu’ils n’ont pas droit aux marques quand ils frappent quelqu’un au commissariat. Malheureusement, dans le cas d’espèce, non seulement ça s’est vu et entendu, mais il existe des éléments de preuves matérielles grâce aux vidéos désormais incontournables sur la voie publique.
Selon Me Liénard, ses clients ne souhaitent qu’une chose, c’est la manifestation de la vérité. Ça tombe bien, nous aussi. Si l’enquête de l’IGPN a révélé des incohérences dans la version policière, on peut s’attendre à des surprises encore plus grandes quand une instruction que l’on espère impartiale sera achevée. En particulier, elle devra expliquer comment une situation totalement anodine peut se transformer en pugilat provoquant la mort d’un homme seul et désarmé faisant face à trois hommes et une femme entraînés et faisant un usage à mon avis inutile et totalement disproportionné de leur force pour de simples paroles déplacées. Des affaires de ce genre, que l’on ne peut qualifier autrement que de bavures policières, sont intolérables. La formation des policiers devrait exclure totalement les pratiques à risque et leur permettre de faire correctement leur travail sans mettre en danger la santé des personnes qu’ils sont supposés servir et protéger.