![](/images/breton_assis.png)
La providence du chroniqueur
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 24 juillet 2020 10:06
- Écrit par Claude Séné
![](/images/breton_assis.png)
Les plus anciens et plus fidèles d’entre vous le savent bien, Nicolas Sarkozy m’a servi en son temps d’assurance tous risques contre la panne d’inspiration. Pas un jour ne s’est écoulé pendant son quinquennat, et même avant, sans qu’il apporte son écot de décisions contestables, de petites phrases quand ce n’étaient pas des perles ou des bourdes manifestes. Les plus belles concernaient ses prétentions littéraires et les lectures dont il se vantait avec la candeur de l’autodidacte. On peut d’ailleurs le remercier pour la promotion inattendue de la Princesse de Clèves de Madame de La Fayette.
C’est pourquoi il me faut exprimer ma gratitude pour sa contribution décisive à la littérature à travers les mémoires qu’il aurait rédigées pendant le confinement, qu’il a passé, cela ne s’invente pas, au Cap Nègre, dans la résidence de son épouse. Les mauvais esprits se demanderont s’il a pris le temps de le lire avant de le signer, alors qu’il n’avait même pas fini de colorier le précédent. C’est curieux cette manie qu’ont les présidents de la 5e république de laisser une trace, non pas de leur action politique, mais de leurs qualités d’écrivain. Passe encore des mémoires de guerre de Charles De Gaulle, ou des ouvrages de François Mitterrand, qui témoignent d’une solide culture et d’une « patte » d’écriture. Mais l’œuvre de Giscard qui lui a valu un fauteuil à l’Académie Française ? ou l’ouvrage qui a précédé « le temps des tempêtes » qui sort aujourd’hui ? Il aura néanmoins pris sa revanche sur François Hollande qui a commis l’imprudence de laisser deux journalistes du Monde rédiger son histoire, et en a été bien mal récompensé.
Sarkozy, quant à lui, ne manque pas l’occasion de se donner le beau rôle et de distribuer les mauvais points à ses adversaires. À défaut de style, il a le sens de la vacherie et la rancune tenace. Il règle ses comptes avec ses rivaux de toujours, de Giscard à Bayrou, en passant par Fabius ou Jean-Louis Debré, sans oublier de laisser entendre qu’il conseille utilement le président Macron, pour lequel il fait montre d’une indulgence qui en dit long sur la dérive à droite du pouvoir actuel. Bref, Sarkozy fait du Sarkozy, relu et corrigé pour être lisible, et probablement édulcoré selon ceux qui le côtoient en privé. Moyennant quoi, on peut s’attendre à un succès de librairie auprès des Français toujours friands d’anecdotes sur les puissants de ce monde. Quant à moi, je survivrai à la non-lecture de ces mémoires, et même à la retraite politique définitive annoncée par son auteur. Le flambeau a été repris, et au-delà de mes espérances, par le président actuel et son équipe de bras cassés. Le chômage n’est pas près de me gagner.
Commentaires