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L'impossibilité d'une île
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 13 juillet 2020 11:00
- Écrit par Claude Séné
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Impossible n'est pas Français. La preuve, le premier ministre français, Jean Castex, a réussi à renouveler la bourde d'Emmanuel Macron qui qualifiait en 2017 la Guyane d'être une île. Un tel acharnement dans l'erreur ne peut pas être complètement fortuit. On ne peut pas imaginer un instant que le Premier ministre et le Président de la République soient aussi incultes et nuls en géographie qu'un Donald Trump qui invente les noms des pays quand ça l'arrange pour suppléer ses insuffisances.
Une telle erreur ne peut être que significative du statut de second plan des territoires que nous qualifions en français politiquement correct d'ultramarins. La population guyanaise, qui est officiellement française, subit de plein fouet l'impact de l'épidémie de coronavirus, comme la métropole l'a connue pendant le plus fort du confinement, mais en pire, parce qu'elle ne dispose pas des infrastructures médicales, économiques et sociales du niveau des régions métropolitaines. Les personnels soignants sont en nombre notoirement insuffisant et les places en réanimation ne couvrent pas et de loin les besoins jusqu'au pic de l'épidémie, prévu dans la quinzaine à venir. Les soignants, au bord de l'épuisement, et sachant qu'ils ne pourront pas faire face, demandent instamment des moyens supplémentaires en personnel et en matériel. Pour toute réponse, la France leur envoie pas moins de trois ministres, parmi lesquels un seul médecin, le ministre de la santé, escorté par le ministre des collectivités territoriales, et le Premier ministre, tous les trois les mains vides. Jean Castex en était même réduit à mettre en avant les résultats du « Ségur » de la Santé, qui s'appliquent à tous les soignants.
Quand l'épidémie a touché spécifiquement la région grand Est, l'état a été capable de mobiliser l'armée et installer en un temps record un hôpital militaire de campagne à Mulhouse. Les Guyanais ont demandé et depuis assez longtemps, à bénéficier de cette infrastructure pour soulager leurs installations saturées, en vain : trop cher, trop long, malgré le « quoi qu'il en coûte » présidentiel, qui ne s'applique visiblement pas aux Outremers. Au moins serait-il possible de mobiliser les 2 à 300 médecins qui manquent en Guyane pour tenter de sauver ceux qui peuvent encore l'être, et chercher des solutions pour transporter les patients comme on le fait déjà vers Cuba ou les Antilles. On est bien obligé de constater qu'au delà des belles paroles délivrées par l'état français à l'occasion des échéances électorales, le fond du problème reste entier, et c'est le niveau général de développement des soi-disant iliens. Si la France et l'Europe ont besoin de Kourou et son pas de tir de la fusée Ariane, source de profits conséquents, elles doivent aux populations la garantie d'une action efficace contre les fléaux, naturels ou imputables à l'homme.