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Quatre-vingt-quinze fois sur cent
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 14 juillet 2020 10:41
- Écrit par Claude Séné
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Il ne s'agit pas ici de reprendre à mon compte la chanson de l'oncle Georges selon laquelle la quasi totalité de la gent féminine éprouverait un ennui profond pendant les rapports sexuels, mais de réagir aux résultats du baccalauréat 2020, un bac option Corona, qui rejoindra dans les annales la version Mai 68, couronnée également d'un succès inhabituel. Personnellement je ne suis pas de ceux qui jugeront que ce diplôme en sera dévalorisé et que ce bac « au rabais »n'aura pas le prestige des grands crus.
Voilà belle lurette que le bac ne suffit plus à garantir une entrée triomphale dans la vie active. Il sert surtout d'examen d'entrée aux études supérieures et de minimum syndical pour la moindre profession, avec ses multiples options. Donc, tant mieux pour les lycéens qui s'en tiendront là et quant aux bêtes à concours, ils auront d'autres occasions d'épater la galerie. Cependant, cette version 2020 aura rappelé que le contrôle continu risque d'accentuer les disparités, voire les injustices entre les élèves, et amènera inévitablement à considérer encore plus le diplôme en fonction de l'établissement où l’impétrant aura fait ses humanités. L'avantage du système national anonymisé est de préserver une certaine équité dans un parcours terriblement inégalitaire. La compétition entre les lycées en sera exacerbée, à l'image de l'enseignement supérieur et de son élitisme. Pas de quoi effrayer le ministre de l'éducation qui revendique, à l'image du président, de fabriquer des premiers de cordée et des sherpas qui transportent leur coûteux matériel.
La conséquence inattendue de ce succès sera également de laisser rentrer à l'université un nombre plus important d'étudiants, alors que la surpopulation endémique est déjà patente dans de nombreux établissements supérieurs, et que les présidents d'université ne savent plus comment accueillir tout le monde dans des conditions acceptables. Puisqu'on ne pourra pas pousser les murs et que les amphithéâtres sont déjà saturés, il me semble qu'il serait de simple bon sens de permettre aux étudiants de suivre en télé-enseignement les cours magistraux, dans lesquels les interactions entre les professeurs et leur audience sont limitées à quelques questions. Un public témoin, comme dans les émissions de télévision, conserverait le côté direct et vivant de l'enseignement dit « présentiel » . Il resterait les travaux pratiques en petits groupes, souvent les plus importants, les cours circulant déjà sous forme de photocopiés, officiels ou « sauvages ». Tant qu'à y être, on pourrait diffuser sur Internet ces cours théoriques, accessibles à tous ceux qui s'en sentiraient capables. Ne me remerciez pas, c'est cadeau. Il serait dommage de ne pas tirer les leçons de la période de confinement et de ne pas utiliser les moyens révélés par une situation exceptionnelle. À moins que la démocratisation du savoir n'aille à l'encontre de la philosophie actuellement au pouvoir.