Plus je pédale moins vite

Parmi les 149 mesures adoptées par la convention citoyenne sur le climat et soumises à la sagacité du président de la République, c’est la proposition d’abaisser la vitesse maximale sur autoroute de 130 à 110 kilomètres par heure qui risque de faire le plus débat dans la société, et qui a commencé d’ailleurs à soulever des polémiques avec une pétition en ligne lancée par l’association 40 millions d’automobilistes. Comme souvent, la discussion passe par une bataille de chiffres, sur lesquels il n’y a pas de consensus.

Les promoteurs de la mesure en attendent une réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre sur le secteur concerné, ce qui n’est pas négligeable, mais doit être relativisé du fait que le secteur automobile dans son ensemble ne représente que 16 % du volume total d’émissions. Mais ne pinaillons pas. Même si les études ne sont pas toutes concordantes, il y a fort à parier pour que diminuer la vitesse maximale apporte un bénéfice sur le devenir de la planète. Le gain en sécurité routière sera probablement moins net, les autoroutes étant déjà les voies les plus sûres en la matière. À titre personnel, j’emprunte assez peu les autoroutes, mais régulièrement une voie express, précisément limitée à 110, mais très souvent encombrée, ce qui doit entraîner des émissions supplémentaires dues aux ralentissements et aux à-coups dans le trafic. On y perd aussi plus de temps que si l’on abaisse la vitesse sur une autoroute.

En réalité, la discussion n’est pas technique, bien que des experts de tout poil donnent des approches contradictoires sur le sujet. Il s’agit d’un projet de société, et de la place de la voiture dans l’organisation des relations entre les citoyens et leurs représentants. À tort ou à raison, la plupart des Français considèrent leur voiture comme une extension d’eux-mêmes, et un espace de liberté, qui serait aussi le prolongement de leur habitation. Ils acceptent d’observer les règles établies, bien qu’elles limitent leur liberté, mais supportent difficilement qu’on change ces règles en cours de partie. Il n’est qu’à voir les remous suscités par le passage aux 80 km/h sur les routes secondaires pour s’en persuader. D’une certaine façon, ils n’ont pas tort. L’abaissement de la vitesse ne faisait pas partie du programme du candidat Emmanuel Macron, et l’on a pu comprendre à demi-mot qu’il n’y était même pas particulièrement favorable, laissant le soin au Premier ministre de « vendre » la mesure. Le sujet est donc hautement inflammable et le président sortant n’a pas besoin d’une nouvelle polémique s’il espère se présenter à sa propre succession. La logique qui voudrait que l’on soumette la question au peuple souverain sous la forme d’un référendum serait à mon avis suicidaire. Le président ne peut sans doute gagner aucun référendum, et sûrement pas celui-là.

Commentaires  

#1 jacotte86 24-06-2020 13:32
plus ça va plus ça se complique pour lui... je ne peux pas dire que cela me chagrine
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