Elsa et Louis
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 14 juin 2020 09:59
- Écrit par L'invitée du dimanche
Dans tous les exemples des amours célèbres, Elsa Triolet et Louis Aragon se sont imposés.
Leur engagement sentimental est lié à leur engagement littéraire et politique. Ils étaient des modèles pour des jeunes de ma génération
Elsa Triolet née Kagan, juive russe, gardera toujours le patronyme de son premier ex-mari.
Elle rencontre Aragon le 6 novembre 1928 à la Coupole, elle fait la première la démarche de se faire présenter. Après des études d’architecte, un périple autour du monde et la publication de deux romans, elle s’était installée à Paris où elle fréquentait le milieu des surréalistes.
Aragon, après des études de médecine non abouties, se destine à l’écriture et à la recherche avec ses amis André Breton, Paul Éluard, Drieu La Rochelle. En 1927, il s’inscrit au Parti communiste, sa rencontre avec Elsa qui devient sa muse le conduit de plus en plus vers la révolution. C’est un couple engagé, tout les pousse l’un vers l’autre. Grâce au travail d’Elsa, créatrice de bijoux, puis journaliste, Louis Aragon peut se concentrer sur ses recherches littéraires et sur l’écriture.
On les retrouvera tous les deux engagés pour l’Espagne républicaine, ils se marient en 1939, liés par l’amour et une passion au goût de révolution.
Après la démobilisation de Louis, ils se réfugient en zone sud, où il organise la résistance des milieux intellectuels. Il sera décoré de la Croix de guerre et de la Médaille militaire pour sa participation à la résistance.
Figures de proue du courant communiste qu’ils quitteront en 1951 en désaccord avec le totalitarisme stalinien, ils se retirent au Moulin de Villeneuve.
Poèmes, romans, écrits en tout genre sont la preuve de l’amour extraordinaire et plein d’admiration que ces deux-là se vouaient, ces deux érudits épris de liberté de pensée et d’idées révolutionnaires.
L’amour d’Aragon pour Elsa est une vraie dépossession elle écrit : « je suis la muse et la malédiction, je suis belle, je suis repoussante, on me bourre de pensées et de sentiments comme une poupée de son sans que j’y sois pour quelque chose » et encore « il ne faut pas que je meure juste quand tu as tant à faire, même ma mort c’est à toi que cela arriverait ».
Quant à Louis, « les yeux d’Elsa » sera un recueil à la gloire de son aimée.
« Il advint qu’un beau soir, l’univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent,
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d’Elsa, les yeux d’Elsa, les yeux d’Elsa ».
« Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J’ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t’aime que j’en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble. »
Elsa meurt en 1970 d’une crise cardiaque, Louis, 12 ans plus tard. Ils dorment ensemble, dans le jardin de Villeneuve, ce sont les paroles d’Elsa qui les accompagnent : « quand côte à côte, nous serons enfin des gisants, l’ensemble de nos livres nous réunira pour le meilleur et pour le pire, dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur à toi et à moi ».
L’invitée du dimanche
PS Le moulin de Saint-Arnoult est devenu centre de recherche et de création et se visite pour y retrouver les traces de ces deux amoureux.
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