Haro sur Castaner

Le ministre de l’Intérieur semble avoir réussi à mécontenter tout le monde et son père. Je ne peux pas dire que ce soit totalement immérité, tant ses interventions ampoulées me paraissent moi aussi marquées au coin de l’amateurisme. Le président Macron, pour des raisons que je ne m’explique pas, a cru bon de le confirmer à son poste au dernier remaniement ministériel en croyant calmer ses adversaires au sein de la police et la gendarmerie par la nomination d’un ministre bis, Laurent Nuñez, plus apprécié des fonctionnaires de terrain.

Mais Christophe Castaner ne peut pas échapper à son destin de serial gaffeur et n’a pas pu s’empêcher de parler quand ne rien dire aurait été la seule solution pour ne pas se mettre à dos professionnels et public. La moindre allusion au racisme dans la police, qui est pourtant un fait patent, constant et répété, est considérée par policiers et gendarmes comme une déclaration de guerre. Ils attendent de leur ministre un soutien inconditionnel, en toutes circonstances. Accuser l’un d’entre eux serait jeter l’opprobre sur toute la profession. Il en va de même des violences pourtant avérées et dont les conséquences peuvent être très graves, voire mortelles. Sans polémique aucune, il suffit de relever les faits qui ont amené à des plaintes ou des enquêtes. Les fonctionnaires devraient souhaiter que les « brebis galeuses » qui existent chez eux comme dans toute profession soient écartées. Le réflexe corporatiste illustré par les récentes manifestations de policiers est contre-productif.

À l’origine des accidents ayant coûté la vie à des personnes lors d’interpellations, on trouve souvent des techniques utilisant l’asphyxie comme moyen d’immobilisation. Il est pour le moins paradoxal d’entendre des policiers réclamer le maintien d’un geste dit d’étranglement, présentant à l’évidence un risque de conséquences graves. Le manuel précise bien qu’une pression sur le cou ne doit pas dépasser 3 à 5 secondes et ne peut pas être répétée au-delà de cinq minutes. Le plaquage ventral est lui, devenu interdit, pour des raisons similaires de pression sur la cage thoracique. Y compris dans le sport, les pratiques sont sévèrement encadrées. Pas de plaquage au rugby en dessus de la ceinture et surtout pas « en cathédrale ». Le coup de la corde à linge au catch, bien que spectaculaire, est pratiqué par des professionnels qui ne prennent aucun risque et répètent soigneusement chaque prise. La bonne question à se poser est celle de la nécessité d’un recours à la force systématique dans tous les cas, y compris lorsque l’interpelé n’oppose aucune résistance. Plaquer une personne au sol pour la menotter serait parfois la solution de facilité. Encore faut-il être capable de maîtriser ses émotions, dans le cas d’une résistance ou de manifestation d’hostilité, verbale ou physique, et de pratiquer correctement la technique utilisée. On ne peut pas donner tort au ministre d’envisager une formation régulière tout au long de la carrière.