Macron, démission !

Les gilets jaunes en ont rêvé, Macron était-il prêt à le faire ? C’est le Figaro, qui ne passe pas pour être au service du Président, qui l’affirme. Emmanuel Macron aurait indiqué lors d’une visioconférence avec ses donateurs de la première heure qu’il envisageait de démissionner. Ne vous réjouissez pas trop vite. Dans cette hypothèse, il ne partirait que pour mieux revenir en se représentant dans la foulée, persuadé d’être réélu haut la main, car « il n’y a personne en face ».

L’Élysée, après avoir ignoré la rumeur, s’est fendu d’un démenti par l’intermédiaire de la porte-parole qui n’a jamais mieux mérité son nom qu’en ce moment, en qualifiant l’idée de « loufoque ». Personnellement, je pencherais pour une provocation de plus, une énième rodomontade d’un président qui se sait en difficulté. En délicatesse dans les sondages, il pâtit de la comparaison avec un Premier ministre qui ne fait pas d’impairs, auquel il sert de repoussoir. Macron sait qu’il doit reprendre la main, mais il est confronté à l’éternel problème de la 5e république qui a mis deux têtes à l’exécutif. Il lui faut choisir entre deux maux : conserver et conforter Édouard Philippe, au risque d’en faire un rival sérieux pour la présidentielle à venir, ou le remplacer et se mettre en première ligne, au risque de prendre plus de coups que de satisfécits.

Une chose est sûre. Le président Macron n’est pas séduit par une forme de « tentation de Venise » à l’instar de l’inventeur de l’expression, Alain Juppé, qui, lui aussi, n’a quitté le pouvoir, contraint et forcé, que pour mieux y revenir, avant son échec de 2017. Parmi les stratégies dont il dispose, l’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée nationale est peu probable, si l’on en juge par les résultats de son prédécesseur, Jacques Chirac, qui a troqué en 1997 une majorité indisciplinée, mais confortable, contre une minorité croupion et a dû appeler Jospin pour former un gouvernement hostile à ses projets. Quant à organiser un référendum, chacun sait que ce serait suicidaire. Quelle que soit la question, les Français en feraient un plébiscite en faveur ou en défaveur du président en place, sans lui laisser le bénéfice d’être à l’initiative de la relégitimation demandée. Dans ces conditions, le président ne fera pas d’annonces de cet ordre dimanche dans son allocution télévisée. Il se contentera probablement de s’attribuer le mérite et la paternité de l’allègement des contraintes liées au COVID, de manière à marquer des points dans les sondages, et repoussera au 14 juillet les éventuelles orientations d’importance, avec ou sans Édouard Philippe, selon les résultats des municipales. Paradoxalement, s’il ne gagnait pas au Havre, il pourrait se retrouver sans affectation, en réserve de la République, alors qu’en remportant la mairie, il n’y siègerait probablement pas.