Canada dry
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 11 juin 2020 10:34
- Écrit par Claude Séné
Vous connaissez cette boisson gazeuse qui a eu son heure de gloire dans les années 1980 et dont le slogan vantait la ressemblance avec de l’alcool alors qu’elle n’en contenait pas. Le gouvernement envisage de nous refaire le coup à l’envers avec l’état d’urgence sanitaire dont la fin est programmée pour le 10 juillet prochain. Dans un grand élan de magnanimité, le Conseil des ministres a concocté un projet de loi visant à ne pas renouveler cet état d’urgence, tout en maintenant ses dispositions les plus importantes pour une durée de 4 mois.
Les Français vont donc retrouver une liberté extrêmement surveillée, qui s’apparente beaucoup à l’épée de Damoclès, s’ils ne sont pas sages. Ainsi, le Premier ministre pourra toujours réglementer les déplacements et les transports et continuera à décider de la possibilité d’ouvrir les établissements et de tenir des rassemblements, d’organiser des évènements incluant du public, etc. sans devoir en référer au parlement. Ça ressemble à une liberté retrouvée, ça a le goût de la liberté, mais Big Brother continue à « veiller » sur nous. Vous me direz que cet abandon de libre arbitre se fait avec l’accord des Français à travers l’approbation des représentants élus démocratiquement. Ce serait donc une aliénation volontaire et temporaire. Cela reste à démontrer. Quand on a le privilège de disposer d’une chambre bleu horizon, toute entière dévouée au chef de l’état à qui elle doit tout et en particulier son élection, on n’a pas grand-chose à craindre d’un vote à l’Assemblée nationale, qui aura le dernier mot sur le Sénat. Quant au caractère temporaire, il est purement formel. Il suffira de refaire voter en temps utile pour prolonger les pouvoirs du gouvernement.
La mode a été lancée du temps de Nicolas Sarkozy. Après avoir vécu sous le régime d’exception lié à l’état d’urgence sur la sécurité du fait des attentats terroristes, on a trouvé plus pratique d’incorporer les mesures dérogatoires à la loi afin de les pérenniser. C’est un peu ce que nous propose ce pouvoir, hypocrisie en plus, mais toujours pour notre bien. Qu’y aurait-il de plus important et de plus urgent que notre santé et notre sécurité ? Les Français, bons princes, n’ont pas rechigné outre mesure, et ils y ont eu du mérite. Quand on dispose de tous les moyens de l’état, on se doit de les mettre en œuvre promptement et efficacement. Ce qui n’a pas été le cas. Les cafouillages sur les masques, puis sur les tests, ont probablement eu des conséquences néfastes sur notre bilan malgré les efforts admirables des soignants, toujours aussi mal récompensés. Le retard dans la prise de décision de confiner a probablement à voir avec le maintien du premier tour des municipales. Avoir les pleins pouvoirs, c’est aussi devoir répondre de ses actes, comme l’a reconnu implicitement l’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, dans un accès de franchise tardive et éphémère.
Commentaires