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On nous dit pas tout
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 17 avril 2020 10:14
- Écrit par Claude Séné
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La formule est d’Anne Roumanoff, qui l’utilisait dans sa chronique télévisée de « Vivement dimanche » présenté par l’inusable Michel Drucker, dans sa rubrique « Radio bistrot ». Comme souvent, l’humour permettait d’illustrer ce sentiment diffus de l’opinion toujours encline à croire la première théorie du complot venue plutôt qu’une information solidement étayée. Ces propos de café du commerce, comme les « brèves de comptoir » popularisées par Jean-Marie Gourio, reflètent l’inquiétude populaire devant des phénomènes qui nous dépassent.
Alors il n’est pas étonnant que les rumeurs aillent bon train pendant cette période troublée d’épidémie de coronavirus, quand on sait qu’elles sont déjà très actives en temps ordinaire. Il n’est peut-être pas nécessaire d’en rajouter une louche, ou une couche, au choix, quand on est un dirigeant à l’échelle du pays. Quand il s’agit de Donald Trump, on en a presque pris son parti. Le mensonge fait partie intégrante de sa stratégie de communication. Le dénigrement systématique de l’adversaire que représente tout concurrent, américain ou surtout étranger, lui sert de repoussoir pour se faire valoir et ériger un monument à sa gloire personnelle. On attendait une attitude plus digne de la part d’Emmanuel Macron qui semblait vouloir apparaître comme un « honnête homme » au sens qu’on lui donnait au 17e siècle et qui a utilisé une formule voisine de celle d’Anne Roumanoff à propos de la gestion de la crise par la Chine. « On ne sait pas tout », a-t-il déclaré au Financial Time. Il alimente ainsi la rumeur qui voudrait que le virus mortel ait été conçu dans un laboratoire chinois et se soit répandu à la suite d’une maladresse de manipulation. Une hypothèse émise sciemment aux États-Unis pour tenter de discréditer le gouvernement chinois et dédouaner l’administration américaine, loin d’avoir été exemplaire sur ce coup-là avec les palinodies de Donald Trump, affirmant tout et son contraire.
Les motivations d’Emmanuel Macron ne sont pas très différentes. Charger la Chine en affirmant que sa gestion n’a pas été meilleure que la sienne ne fera pas oublier les retards énormes à l’allumage dans les commandes de masques, de gel, de respirateurs, de tests, qu’il a tenté de dissimuler sous des arguments pseudo-scientifiques. Personne n’est dupe du fait que les masques manquants sont à l’origine de la théorie de leur inutilité, à présent battue en brèche. À supposer que le gouvernement chinois ait caché la réalité de l’ampleur de l’épidémie sur son propre sol, il est évident pour tout le monde que d’autres pays ont fait mieux que la France, comme Taïwan ou la Corée du Sud par exemple, mieux préparés à lutter contre des épidémies. On nous dit peut-être pas tout sur la Chine, mais la soi-disant transparence des démocraties cache bien des zones d’ombre.