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Sémantique
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 18 avril 2020 10:53
- Écrit par Claude Séné
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Sans vouloir faire concurrence à l’entreprise de mon invitée, qui, tous les dimanches, nous gratifie en ce moment de son dictionnaire du confinement, dont on espère qu’il verra vraiment son terme le 10 mai, avant une reprise de l’activité nationale, une petite définition de ce terme ne serait peut-être pas totalement inutile. Sémantique : « nom féminin. Étude du sens, de la signification des signes, notamment dans le langage ». À l’évidence, le choix des mots est primordial dans toute entreprise de communication, et plus encore quand il s’agit de se faire comprendre des citoyens.
Vous aurez donc noté que dans sa dernière intervention, le président de la République a utilisé le terme de « masque grand public » pour désigner les protections plus ou moins artisanales dont les Français sont invités à se doter. L’expression est destinée à masquer, c’est le cas ou jamais de le dire, la pénurie de masques dits chirurgicaux, et encore plus de masques définis par la norme FFP2, destinés au personnel soignant, beaucoup plus efficaces contre le virus. Ces masques réservés aux seuls personnels médicaux, délivrés par les pharmacies avec interdiction d’en vendre aux simples particuliers, ont été promis et annoncés par Emmanuel Macron le 16 mars dernier comme devant être livrés de façon imminente. Un mois plus tard, c’est toujours la foire d’empoigne pour se partager des livraisons insuffisantes et la course à l’échalote pour les collectivités locales ou nationales dans une compétition à celui qui aura le meilleur rôle. Les commandes de milliards de masques seront honorées un jour, mais la date reste incertaine.
C’est sans doute pour cette raison que l’état se garde bien de parler d’un port du masque obligatoire au moment du déconfinement. Le président lui-même a préféré employer le terme d’un « usage systématique », dans les transports en commun par exemple. Car rendre ce port obligatoire, voire généralisé comme le disent parfois les autorités, impliquerait de mettre à disposition le matériel nécessaire, ce dont l’état est bien incapable. D’où l’importance d’un vocabulaire suffisamment souple pour s’adapter aux circonstances. Emmanuel Macron avait aussi envisagé un prolongement du confinement pour les personnes vulnérables, une idée reprise et amplifiée par Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique, éminemment risquée pour un président Macron soumis à réélection. Heureusement, la formulation initiale a permis de rectifier le tir en en faisant une simple recommandation. Le revers de la médaille, c’est que la parole présidentielle permet toutes les interprétations et ouvre la voie à l’arbitraire dans l’exécution des consignes par les simples troufions chargés de faire respecter une règle floue. N’était-ce pas « un motif familial impérieux » qui justifiait le déplacement de ce fils à son père mourant à l’île de Ré, refoulé par un gendarme obtus et zélé à l’excès ?
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