Plus que 27 dodos

Alors j’ai fait comme tout le monde, hier soir, j’ai écouté Pinocchio premier et je dois admettre que j’ai été étonné qu’il cesse de tourner autour du pot et qu’il annonce la date du 11 mai pour commencer à sortir du confinement et notamment rouvrir les écoles. Un mois, c’est long, mais au moins c’est clair. Sera-t-il capable de remplir sa part du contrat en fournissant les masques et les tests en quantité suffisante, cela reste à démontrer. On ne peut pas dire que les engagements pris dans ce domaine au cours des trois précédentes allocutions présidentielles aient été vraiment respectés.

Et c’est là que l’on en vient aux petits arrangements avec la réalité, si caractéristiques du discours présidentiel. Il fait lui-même les questions et les réponses, ce qui lui évite les critiques les plus acerbes. Certains éditorialistes, notoirement favorables par principe au président Macron, ont voulu voir une forme d’autocritique dans certains de ses propos, quand il a pointé des « erreurs » ou des « faiblesses ». Il a pourtant soigneusement évité de s’inclure dans les défaillances du système, soumis à des difficultés présentées comme universelles et il a reporté à plus tard l’heure des bilans. Il faudra bien un jour expliquer pourquoi l’Allemagne, plus peuplée que la France, a 5 ou 6 fois moins de décès liés au Covid 19. Je prends les paris que ce ne sera pas de sa faute, hormis dans une responsabilité collective.

Les décisions que le président a été amené à prendre, il était le seul à pouvoir en assumer la charge, il sera le seul à devoir en répondre en dernier ressort, et ce n’est pas un sort enviable. Il a fait le choix de relancer l’économie en prenant le risque d’une deuxième vague de contamination. C’était peut-être nécessaire, seul l’avenir le dira. Mais qu’avait-il besoin d’habiller la réouverture des écoles d’un objectif de justice sociale, quand elle est motivée à l’évidence par la nécessité de libérer les parents de l’aspect scolaire pour leur permettre de reprendre le travail ? Avec ce discours, jugé convaincant globalement, Emmanuel Macron s’est acheté du temps. Mais il reste énormément de points à préciser, et c’est comme toujours dans les détails que se cache le diable. Les Français en ont bien conscience qui restent méfiants sur les mesures de sortie de crise. Les ministres vont devoir, et c’est déjà commencé, préciser les modalités pratiques des orientations générales annoncées hier, et on peut leur faire confiance pour interpréter très librement la partition écrite par le chef d’orchestre. Ce serait bien la première fois que le gouvernement se mette à l’unisson et évite les fausses notes comme celles de la secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher, relayant le discours du MEDEF sans aucune nuance.

Commentaires  

#1 Josette 14-04-2020 15:03
Oui comme toujours il avait bien étudié son texte pour jouer le rôle de quelqu'un qui saurait se remettre en question, et deviendrait du coup un président humaniste.
Mais on a du mal à y croire, depuis le temps que les pauvres français se plaignent de leur sort et qu'il reste imperturbable. Les promesses ne seront pas tenues, il a besoin des travailleurs et il les brosse dans le sens du poil..............
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