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La Science
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 6 avril 2020 10:35
- Écrit par Claude Séné
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Elle n’a peut-être jamais été autant à l’honneur qu’en ces moments troublés de la crise sanitaire due au covid-19. Pas de décision politique sans s’être cuirassé de cautions scientifiques, à qui l’on fera porter le chapeau le cas échéant. Après le fiasco du premier tour des élections municipales, les autorités annoncent une deuxième manche tout aussi périlleuse, dont on fera porter la responsabilité à un avis médical quand il s’agit à l’évidence d’une décision obéissant à des critères tout autres. L’avantage de s’abriter derrière la science, c’est de bénéficier d’une présomption d’impartialité et d’autorité morale.
Et c’est pourtant au nom de cette même science que l’on recommande aujourd’hui le port du masque artisanal, dit également alternatif, qui était voué aux gémonies il y a peu. De la même façon, des scientifiques, et aussi des citoyens, ou des responsables politiques, s’envoient à la tête des arguments en faveur ou en défaveur de traitements médicaux dont on n’a pas encore de certitude sur leur efficacité. Je ne prétends en aucune façon détenir l’autorité qui permettrait de trancher ces débats, en tombant de fait dans le travers que tout un chacun peut observer en ce moment. Il y a cependant des observations de simple bon sens que l’on semble oublier. Il est à mon avis abusif de parler de LA science comme d’une entité globale et homogène. Il existe des sciences, dont les domaines ne se recoupent pas exactement, certaines étant dites « exactes » et d’autres non, comme les sciences humaines et sociales par exemple, qui n’en possèdent pas moins de légitimité. Au nom de la démarche scientifique, des lobbies ont réussi à démanteler une grande partie de la filière homéopathique qui rend cependant d’éminents services à la population qui l’utilise.
D’autre part, et c’est heureux, la connaissance scientifique est en perpétuelle évolution. La vérité d’aujourd’hui ne sera probablement pas celle de demain. Il faudrait assortir toute affirmation de la précaution nécessaire : « en l’état actuel de nos connaissances ». Ce qui n’enlève rien à la validité d’un raisonnement dans une époque et une société données. D’ailleurs, la quantité de choses connues scientifiquement ne représente que la partie émergée de l’iceberg et les chercheurs les plus pointus ont l’honnêteté de reconnaître que l’étendue de leur savoir, pour immense qu’il apparaisse aux yeux du béotien, est infime au regard de tout ce que nous ignorons. Et même pire, de ce que nous ignorons ignorer et dont nous n’avons donc pas la moindre idée. De quoi se souvenir de la réflexion de François Rabelais dans Pantagruel qui nous disait : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » et son complément, moins connu : « la sagesse ne peut pas entrer dans un esprit malveillant ».