Interminable

On a senti comme un frémissement, une lueur d’espoir dans la propagation inexorable du virus, avec un ralentissement de l’augmentation, comme on a pu le dire en des temps déjà lointains, bien qu’appartenant à un passé proche, du fléau du chômage. Le nombre d‘hospitalisations semble atteindre un palier, ainsi que le nombre de morts. Une situation qui paraît revêtir la même pente que dans les pays européens qui nous précèdent dans la crise, l’Italie et l’Espagne. Au point que certains d’entre nous ont pu se prendre à espérer voir enfin le bout du tunnel pour un avenir raisonnablement envisageable.

C’était compter sans le croque-mort en chef, Édouard Philippe, qui s’est chargé de doucher tout le monde en expliquant que le confinement n’était pas près de pouvoir être levé, et qu’il ne pourrait l’être que progressivement. Pas question d’une fête géante à l’échelle du pays comme si l’on avait gagné une coupe du monde de football, par exemple. À vrai dire, on s’en doutait un peu. Si l’on reprend la métaphore utilisée par le président de la République, celle d’une guerre, ce serait un conflit sur le mode des guerres néocoloniales menées par les États-Unis au proche orient par exemple, où le plus dur n’est pas de mener les opérations militaires, mais d’établir une paix durable. On a vu les forces de la première armée du monde s’enliser dans des régions inhospitalières qu’elles ont envahies assez facilement et dont elles ne peuvent plus s’en aller sous peine de laisser derrière elles un chaos plus grand encore qu’avant leur arrivée.

Le confinement n’a en réalité rien résolu sur le fond de la pandémie. Il a seulement permis d’étaler dans le temps et dans l’espace la prise en charge des patients les plus durement touchés et sans doute de limiter le nombre de décès. Le virus est toujours présent. Il n’a rien perdu de sa virulence et les experts estiment que l’épidémie ne pourra pas être contrôlée tant que la majorité de la population n’aura pas développé des anticorps contre lui. Un peu comme les Occidentaux ont tenté de favoriser l’émergence de pouvoirs démocratiques en Irak ou en Afghanistan avec des fortunes diverses. Pour y parvenir, il faudra accepter de se confronter au virus, en attendant de disposer d’un vaccin qui permettra la mobilisation des défenses immunitaires. Mais ce n’est certainement pas pour tout de suite. Ce qui va rendre le confinement « interminable ». Déjà dans le sens où nous allons trouver le temps long, et de plus en plus, au fur et à mesure que les cas diminueront. Mais aussi au sens propre, dans la mesure où la menace réapparaitra dès que l’on baissera la garde. Nous allons donc sans doute vers une paix armée, avec un retour très progressif à la normale.

Commentaires  

#1 jacotte86 03-04-2020 10:40
belle métaphore mais sombre prospectives
Citer