Franchise

Le Premier ministre a cru bon de s’adresser aux Français « en toute franchise » pour leur saper le peu de moral qui leur reste en leur annonçant à la manière de Churchill en 1940 du sang, de la sueur et des larmes. Pour être précis, Winston Churchill promettait aussi du labeur dans un discours destiné à demander la confiance sur son action à venir. Avant Philippe, le président de la République avait invoqué la nécessaire « union » pour faire face à la situation difficile créée par l’épidémie de Covid-19.

Il n’est peut-être pas encore temps de tirer toutes les leçons de la gestion plus que problématique de la situation actuelle, mais ce n’est pas une raison pour se rendre sourd et aveugle aux évidences. Édouard Philippe annonce 15 jours encore plus difficiles que les 15 premiers jours de confinement avec une situation sanitaire qui va encore s’aggraver. Merci bien ! On ne s’en doutait pas. Mais, concrètement, que va faire le gouvernement pour améliorer les choses ? Mettre la main au porte-monnaie ? Oui, certainement, mais les vieux réflexes de Bercy vont rendre très difficile de tenir la promesse de départ, celle du « quoi qu’il en coûte » présidentiel, déjà mis à mal par les injonctions paradoxales faites aux salariés, qui devraient se couper en deux moitiés, une qui travaille, l’autre qui se confine. Et puis quoi ? Des commandes de masques par millions, voire par milliards, mais qui arriveront après la bataille pour beaucoup de Français. Des rustines sur les urgences et les hôpitaux, de la débrouille et du système D. Des promesses de remise à niveau du système hospitalier, réclamé à cors et cris depuis longtemps par le personnel hospitalier et repoussé dédaigneusement par ce même pouvoir.

Édouard Philippe souhaite être clair et franc. Il me pardonnera de l’être tout autant : ce gouvernement et ce président ne sont pas et n’ont pas été à la hauteur de l’enjeu. Ils n’ont pas pris la mesure de la situation et n’ont pas eu de ligne claire et de stratégie constante, se contentant d’essayer de limiter les dégâts au coup par coup en se cachant derrière des comités scientifiques pour éluder leur propre responsabilité. Et par-dessus le marché, le Premier ministre, décidément en veine de paraphraser les célébrités, « ne laissera personne dire qu’il y a eu du retard dans la prise de décision s’agissant du confinement ». Cela risque de lui prendre beaucoup de temps pour réfuter cette affirmation, dont l’évidence s’impose de plus en plus. Les Français, qui n’en sont pas à un paradoxe près, tout en faisant remonter la cote de popularité de l’exécutif au niveau où elle était avant l’affaire Benalla, n’accordent pas leur confiance au gouvernement pour faire face à la crise sanitaire, et guère plus pour aider les entreprises en difficulté.

Commentaires  

#1 Josette 30-03-2020 14:22
Ah oui ? Edouard Philippe "ne laissera personne dire".... Et de quelle manière compte-t-il nous en empêcher ? Encore une promesse qui ne mène à rien, mais on en a pris l'habitude...
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