Ce qui ne nous tue pas

La France et les Français adorent les polémiques. La dernière en date concerne l’éventualité d’un traitement contre le covid 19, qui soulève de grands espoirs, ce qui est bien compréhensible, et aussi une levée de boucliers, ce qui l’est moins. Le médicament, la chloroquine, est une molécule connue depuis longtemps et utilisée dans le traitement du paludisme. Un essai thérapeutique à Marseille portant sur seulement 24 patients a montré des résultats encourageants, et des expérimentations vont être menées pour vérifier les effets du produit, selon des procédures standard.

Faut-il pour autant administrer le traitement sans attendre sa validation définitive ? Telle est la question. J’apporterai ma modeste pierre à ce débat scientifique, qui me dépasse évidemment de beaucoup, en prenant mon exemple personnel, dût ma légendaire modestie en souffrir. Ce n’est pas pour me vanter, mais moi qui vous parle, j’ai été atteint vers l’âge de 2 ans d’une double bronchopneumonie qui résistait à tous les traitements connus dans l’immédiat après-guerre. À ce que l’on m’a dit, car j’étais trop jeune pour en garder le souvenir, en désespoir de cause, l’équipe médicale a proposé de m’administrer un tout nouveau médicament, ramené par les Américains, qui semblait donner des résultats positifs sur les infections, dont la posologie et le mode d’emploi étaient encore mal connus. Ce produit, vous le connaissez, il est devenu banal, c’était un antibiotique. Probablement de la pénicilline ou un produit voisin. Il semble que faute de recul suffisant, les médecins pensaient qu’il n’agissait qu’à forte dose, et que l’on m’a administré des quantités capables de tuer un cheval, comme l’on dit, heureusement avec un brin d’exagération. Quoi qu’il en soit, j’ai survécu, et sans cette prise de risque, je n’aurais peut-être pas pu vous livrer aujourd’hui ce témoignage dont j’ai été le héros malgré moi.

Vous n’aurez aucune peine à deviner mon opinion sur le sujet du jour. Quand on ne dispose d’aucune alternative à une maladie pouvant entraîner la mort, qu’a-t-on à perdre à utiliser un traitement dans les cas bien ciblés où la molécule peut améliorer sensiblement l’état de santé du patient et peut-être lui éviter les complications à l’origine des décès constatés ? Autrement dit, le test ultime en temps réel ne serait-il pas le traitement lui-même ? Il sera toujours temps de mener en parallèle les études nécessaires à la validation éventuelle du médicament pour cet usage et à sa mise sur le marché. Il ne faudrait pas que la personnalité controversée du Professeur Didier Raoult, à l’origine de la découverte du traitement, pousse la communauté scientifique à écarter une vraie chance d’améliorer une situation de plus en plus critique. Le risque en vaut la chandelle.

Commentaires  

#1 jacotte86 23-03-2020 11:38
cela prouve que le cheval était costaud!!! ceci dit je partage la logique déployée siles risques secondaires du traitement ne "tuent" pas qu'est-ce qu'on attend...certains marseillais ont la chance et d'être dépistés et d'être traités...
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