À qui le tour ?
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 16 mars 2020 10:32
- Écrit par Claude Séné
À peine terminé le premier tour des élections municipales que l’on se demande si le gouvernement n’a pas fait prendre des risques pour rien à toute une partie de la population, dans la mesure où l’on ne sait pas s’il sera souhaitable, ni même possible d’organiser un second tour dimanche prochain. Alors qu’habituellement les représentants des principales forces politiques passent leur temps à s’écharper sur les plateaux de télévision sur l’interprétation des résultats, chacun tirant la couverture à soi, le principal objet de polémique hier et encore ce matin portait sur l’opportunité d’avoir maintenu le premier tour contre vents et marées, et le report ou l’annulation de ces élections.
À ce jeu de poker menteur, la palme revient aux porte-parole de la République en marche, qui ont tenté de faire oublier leur fiasco incontestable en affirmant que les partis d’opposition avaient imposé ce maintien des élections ou n’avaient pas demandé leur report. La fable officielle c’est que la décision aurait été prise sur la foi de l’avis du « conseil scientifique », un groupe d’experts sur lequel s’appuie le gouvernement, et qui doit être consulté pour décider du maintien ou non du deuxième tour à la date prévue. Chacun sait que c’est une fumisterie totale. On a posé la question pour la forme, pour déterminer la faisabilité technique de la consultation, mais la décision ne peut être que politique, elle ne peut être prise que par le gouvernement, et devrait logiquement être ratifiée par le parlement, sauf recours à l’article 16 de la Constitution, attribuant des pouvoirs exceptionnels au Président de la République, pour une durée limitée.
Les petits soldats de LREM ont bravement polémiqué avec tous les autres partis qui ont critiqué la gestion gouvernementale sur ce sujet. Ils étaient les seuls à ne pas avoir remarqué que le Premier ministre avait écarté d’emblée le report des élections lors de leurs rencontres. Décision contestable et contestée, mais qui doit être assumée. C’est évidemment plus difficile quand 65 % des Français désapprouvent la mesure, souhaitent un report du second tour et que l’on vient de subir un revers cinglant. Que cette question du calendrier électoral soit un casse-tête est une évidence. Le président Macron n’avait le choix qu’entre de mauvaises solutions, c’est un fait. Mais ceci est dû à un défaut d’anticipation et à une prise de décision tardive dont il est seul comptable, en dernier ressort. Il n’est pas toujours possible de faire porter le chapeau à des sous-fifres, et même dans ce cas, la responsabilité ultime revient toujours au chef, et ce, d’autant plus qu’il s’est jusque-là paré des plumes du paon, s’en attribuant le mérite quand les choses allaient plutôt bien.
Commentaires