Impossibles équations

La crise sanitaire mise au jour par l’épidémie de coronavirus a révélé des problèmes pour lesquels il n’existe pas de solution, un peu à la façon de la quadrature du cercle, sur laquelle les mathématiciens se sont cassé les dents pendant plus de 3 000 ans avant de reconnaitre que c’était tout simplement impossible. Prenons les deux mesures phare décidées récemment par le président Macron : la fermeture des écoles, des crèches et des universités d’une part, le maintien des élections municipales d’autre part. il est manifeste qu’elles obéissent à deux logiques différentes, et apparemment contradictoires.

D’un côté, on limite les contacts dans la population jeune, dans le but de protéger les plus âgés de la contamination par des porteurs sains, de l’autre, on les autorise et on les encourage à aller voter, tout en prenant force précautions pour ne pas contracter la maladie. Dans les deux cas, le président prend grand soin de se « couvrir » par la caution de la communauté scientifique, sur laquelle il affirme s’être largement appuyé. Tout porte à croire cependant que le maintien des élections à la date prévue est un acte purement politique. Le président a eu peur d’être taxé de bidouillage électoral en déplaçant des élections dans lesquelles sa majorité parait très mal partie, même si, objectivement, les résultats n’en auraient probablement pas été différents pour autant. Macron a commencé la séquence post-municipale bien avant le début de l’épidémie, en minimisant la portée de cette défaite annoncée et en essayant de la camoufler par tous les moyens.

L’autre grande décision sera lourde de conséquences sur la vie quotidienne des Français, qui vont devoir gérer la garde des enfants mis en vacances prématurément, et pour une période indéterminée. On aura beau leur affirmer que leur salaire sera compensé intégralement s’ils doivent se mettre en congé pour s’occuper de leur progéniture, beaucoup de chats échaudés craindront l’eau froide. Là aussi, le timing est le point le plus délicat. Fermer trop tôt peut être perçu comme un signe d’incompétence, tout autant que fermer trop tard, d’ailleurs. Le pouvoir a choisi de distiller ses mesures au coup par coup en interdisant les rassemblements de plus de 1 000 personnes dans un premier temps, puis de 100 et probablement moins dans les jours à venir, dans le but d’habituer progressivement les Français à des restrictions inévitables quand l’épidémie sera à son pic. La conséquence en est un manque de lisibilité et le risque de créer une psychose. Le résultat le plus visible de cette décision, c’est la ruée sur les pâtes et le papier-toilette. Quand le capitaine navigue à vue par gros temps, en s’approchant dangereusement des récifs de la côte, les passagers ont tout lieu de ne pas être rassurés.

Commentaires  

#1 jacotte86 14-03-2020 11:32
belle image... alors mieux vaut savoir nager, j'espère qu'on ne va pas fermer les piscines!
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