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Coûte que coûte
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 13 mars 2020 10:36
- Écrit par Claude Séné
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On peut discuter à perte de vue sur la pertinence des mesures annoncées par le président de la République pour tenter de freiner le développement de l’épidémie de Coronavirus en France, et je serai sûrement amené à y revenir. Intéressons-nous un instant aux aspects économiques de la question. Le coût social et financier de la fermeture des écoles, l’indemnisation des journées de travail perdues, les dépenses induites par la mise en place des mesures sanitaires proprement dites vont entraîner un déficit budgétaire estimé à des dizaines de milliards d’euros selon les propres termes du ministre de l’Économie et des Finances.
Ajoutons à cela l’effondrement de la plupart des principales places financières et les pertes en capital qu’elles impliquent, et nous avons un tableau qui rappelle la crise de 1929, ou plus récemment celle de 2008. Et à cette occasion, on s’aperçoit que les règles édictées dans le cadre européen, voire mondial, ne sont pas gravées dans le marbre. Quand des politiciens, ou même de simples citoyens disaient que l’argent existait pour mener une politique plus sociale et plus égalitaire, on les traitait de doux rêveurs, au nom du principe décrit dans l’acronyme anglais TINA, pour « there is no alternative » utilisé notamment par Margaret Thatcher afin de justifier la casse sociale quand elle était au pouvoir. Et ce sont les mêmes patrons du MEDEF qui refusaient hier tout progrès dans la prise en charge du chômage et qui refusent aujourd’hui la prise en compte de la pénibilité dans le calcul de la retraite, qui encouragent le gouvernement à dépenser sans compter pour éviter la faillite de leurs maillons les plus faibles. J’espère que pour une fois les dirigeants n’auront pas la mémoire courte lorsqu’il s’agira de prendre des décisions en faveur des plus pauvres, et qu’ils ne s’abriteront plus derrière des arguments financiers dont on aura vu qu’ils ne sont que des prétextes.
Si le gouvernement avait abordé les débats sur le Code du travail, les réformes fiscales, le chômage, les retraites, la politique budgétaire et j’en passe, en adoptant cette attitude de « quoi qu’il en coûte », les discussions en auraient été grandement facilitées. Mais il ne sert à rien de pleurer sur le lait renversé. Emmanuel Macron fait appel à l’union nationale ? Prenons-le au mot. Puisque l’impératif de santé passe avant toute autre priorité en ce moment, qu’attend-il pour faire droit aux revendications des personnels de santé, tant sur le plan des rémunérations que des conditions de travail ? Sans construire d’hôpitaux en une semaine comme la Chine, on pourrait améliorer grandement la prise en charge des patients, notamment aux urgences, en grève depuis plus d’un an, et en profiter pour embaucher massivement et ouvrir durablement des lits supplémentaires.
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