Circulez, il n’y a rien à voir

Depuis le temps que les femmes réclament une égalité dans le traitement, d’abord au sens financier du terme, mais aussi dans celui de la considération de leurs revendications spécifiques, un début de réponse leur a été apporté samedi dernier. Des organisations féministes appelaient à manifester en marchant pacifiquement jusqu’à la place de la République, lieu traditionnel de rassemblement. La manifestation et son parcours avaient été déclarés en préfecture et donc parfaitement autorisés. Ce qui n’a pas empêché les « forces de l’ordre » de faire usage de violence, comme s’ils avaient affaire à des hommes.

À un détail près cependant. Ils ont pu se saisir de certaines manifestantes qui portaient les cheveux longs par l’intermédiaire de cette pilosité naturelle dont la plupart des hommes sont dépourvus. Il faut dire que c’était plus pratique pour les traîner brutalement dans les escaliers de la bouche de métro voisine. La « tactique » des policiers semblait être de forcer les militantes à repartir chez elles. Les images de ces violences gratuites, alors qu’aucune dégradation n’était constatée, ont naturellement été relayées par les réseaux sociaux, au point d’émouvoir très momentanément la ministre aux Droits des femmes qui s’est rappelé vaguement avoir été féministe dans une vie antérieure et qui a timidement demandé à son collègue de l’Intérieur de diligenter une enquête auprès de la préfecture de police de Paris. La version du préfet Didier Lallement, qui s’est bien gardé de réagir en personne, mais a délégué une collègue femme pour ce faire ne s’est pas faite attendre. On a donc appris avec intérêt que la faute principale et rédhibitoire des organisatrices avait été d’avoir débordé l’horaire initialement prévu, avec une dispersion à 22 heures, sans s’être concertées préalablement avec la préfecture. Quant aux manifestantes elles-mêmes, leur crime a consisté à résister à la dispersion musclée, justifiant ainsi l’usage des lacrymogènes et des techniques de nasse.

Dans cette affaire, il faut reconnaître que les femmes ont été traitées à l’égal des hommes, c’est-à-dire avec autant de brutalité. On leur a accordé un droit de manifester avec une permission de minuit, le carrosse libéral est redevenu citrouille et les Cendrillons des temps modernes vite renvoyées dans leurs foyers. La ministre des Droits des femmes a démontré une nouvelle fois son inutilité en rentrant très rapidement dans le rang et en se satisfaisant d’une parodie d’enquête terminée avant même de commencer. Le portable présidentiel a dû chauffer pendant ce week-end et l’on imagine sans peine les consignes consistant à ne faire aucune vague en attendant la fin de la crise du coronavirus. Jusqu’à Emmanuel Macron en personne qui a revendiqué le droit de se promener « tranquillement » sans devoir rendre de comptes ni aux journalistes, ni au public.

Commentaires  

#1 jacotte86 10-03-2020 11:27
rien n'a changé depuis l'homme de cromagnon qui déplaçait les femmes en les tirant par les cheveux!! moralité rasez vous le crane avant d'aller manifester...
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