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Un geste simple ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 9 mars 2020 10:20
- Écrit par Claude Séné
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À intervalles réguliers, la voix suave et rassurante d’une speakerine nous indique les consignes de sécurités édictées par les autorités sanitaires pour limiter la propagation du virus covid-19. Il est rappelé qu’il faut se laver les mains ou les désinfecter à l’aide d’une solution hydroalcoolique, ce qui est frappé au coin du bon sens si ce n’est qu’il n’y a pas, qu’il n’y a jamais eu, et qu’il n’y aura peut-être jamais de savon dans certains lieux où il serait le plus nécessaire, comme les établissements scolaires par exemple ou encore les commissariats de police, dont je déconseille de toute façon la fréquentation même en dehors des périodes épidémiques.
Quant au gel hydroalcoolique, il faudra bientôt s’adresser à son dealer habituel pour s’en procurer à prix d’or. Mais c’est la suite de ce message qui a attiré mon attention. Il est recommandé à la population de tousser et d’éternuer dans son coude. Une gymnastique à laquelle je n’ai jamais été formé, et qui parait quelque peu contradictoire avec la consigne suivante, qui recommande le mouchoir à usage unique, sans oublier de le jeter ensuite, ce que ne font guère les adeptes du carré de cellulose, par ailleurs assez peu écologique. J’ai eu la curiosité de regarder la signification exacte et l’origine de l’expression populaire qui dit de quelqu’un qu’il ne se mouche pas du coude, quand il se croit important et manifeste de la prétention. Toute ressemblance avec un personnage haut placé de la République ne serait donc pas totalement fortuite. Si le sens de l’expression ne prête pas à controverse, il en existe une variante susceptible de jeter le doute sur son origine. Pour certains, il s’agit plutôt de se moucher du pied, ce qui validerait une théorie selon laquelle au 17e siècle, des acrobates de rue, mimaient le geste de se moucher avec leur pied, grâce à leur talent de contorsionnistes. Ces gens de peu, comme dirait « l’autre », faisaient pendant aux véritables nantis qui, eux, ne risquaient pas de devoir se moucher avec leur pied.
Je ne crois pas beaucoup à cette version et je lui préfère une autre explication, basée elle aussi sur les différences de classe sociale. Les manants, les gueux, les va-nu-pieds, devaient se contenter de leurs manches pour s’y moucher tandis que les riches et les bourgeois pouvaient se payer de véritables mouchoirs de lin, de baptiste ou même de soie, comme l’indique une autre expression faisant allusion à des vents plus ou moins malodorants. Au bout d’un certain temps, je vous laisse imaginer la tête du vêtement dont la manche suppléait l’absence de mouchoir. Un spectacle assez peu ragoûtant, je suppose, et de nature à renforcer les réflexes de caste. Est-ce vraiment ce que nous pouvons souhaiter de mieux pour lutter contre le virus ?