Comédie musicale

Patrick, Patrick outragé, Patrick brisé, Patrick martyrisé, mais Patrick libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours de ses avocats, avec l’appui et le concours de la France tout entière : c’est-à-dire de la France qui se bat. C’est-à-dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. Accueilli à sa sortie par la reine des neiges, Isabelle, elle aussi libérée, délivrée, mais qui n’a pas promis de ne plus jamais mentir.

C’est que la libération de Patrick Balkany pour raison de santé, après 5 mois de détention, a été mise en scène et orchestrée comme une prestation de rock star. Aucun des deux époux Balkany n’est blanchi des accusations de fraude fiscale et de blanchiment. En de telles circonstances, nombreux auraient joué profil bas et se seraient appliqués à se faire tous petits. Ce serait mal connaître le maire de Levallois et sa première adjointe, qui n’ont jamais renoncé à briguer les suffrages de leurs concitoyens même après des condamnations entre les années 1990 et 2000. Au lieu de filer discrètement, Patrick Balkany a pris grand soin de se montrer, amaigri, certes, mais tout sourire en abaissant la vitre de la berline, pour bien se faire voir. La scène évoquait celle de la descente triomphale en CX de Chirac au soir de sa victoire à l’élection présidentielle de 1995, escorté de motards et de caméras.

Je suis persuadé que la santé de Patrick Balkany est réellement la raison de sa libération sous contrôle judiciaire en attendant le jugement en appel de son procès. Cela n’empêche pas qu’il essaie de transformer cette mesure humanitaire en présomption d’une reconnaissance de son innocence, alors que tout continue à l’accuser. D’ailleurs, Isabelle Balkany bénéficie de la même mesure d’exonération de la détention préventive pour les mêmes raisons, et elle ne semble pourtant pas particulièrement abattue actuellement, en jouant le rôle d’attachée de presse, et même presque d’envoyée spéciale des chaînes d’information continue. Il ne faudrait pas qu’ils s’imaginent que « tout est oublié » et qu’ils reviennent sur la plus sage décision qu’ils aient pu prendre depuis bien longtemps en renonçant à se présenter aux élections municipales. Reste un point positif, celui d’avoir attiré l’attention sur les conditions de détention, peu adaptées à des personnes souffrant d’affections sérieuses, même dans les quartiers réservés aux VIP. La prison n’est clairement pas un endroit où l’on peut se faire soigner, le personnel médical y est réduit à la portion congrue. Ce n’est pas non plus un temple de la gastronomie, si l’on en croit Isabelle Balkany, mais ça, ce n’est vraiment une surprise pour personne.