Détournement
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 12 février 2020 11:04
- Écrit par Claude Séné
Pendant une période assez longue, les groupes qui voulaient faire parler d’eux s’en prenaient au transport aérien et détournaient les avions de leur destination après en avoir pris le contrôle. Les détecteurs de métaux et les précautions prises par les compagnies ont permis de faire pratiquement disparaître cette pratique. Pourtant, j’ai la très nette impression que le président de la République considère que l’appareil de l’état est son bien personnel et qu’il peut en disposer à sa guise, nonobstant les souhaits des passagers, les Français, qui se demandent parfois s’il est bien qualifié pour piloter leur destin.
Un petit exemple résume assez bien la situation. Hier soir, Emmanuel Macron, voulant se faire pardonner des mots maladroits dans lesquels il semblait douter de l’humanité spontanée des députés du parti présidentiel, les avait invités à l’Élysée. Grand seigneur, il avait même convié les dissidents et les exclus, Cédric Villani en tête, qui avait, « malheureusement », d’autres obligations à honorer et suffisamment de respect de soi pour décliner l’invitation. La formulation du carton d’invitation m’a fait sursauter, car il y est dit que « Monsieur Emmanuel Macron prie » la personne concernée, de « venir à la réception qu’il offrira » au palais de l’Élysée. Vraiment ? Il l’offrira ? Sur sa cassette personnelle ? Je sais bien que son job est plutôt bien payé, mais j’ai quand même quelques doutes, au prix du caviar, du homard et du champagne, qui ont coûté si cher à François de Rugy alors même qu’il n’en consomme pas, dit-il. Enfin, quelqu’un paiera, et je suis prêt à parier que d’une façon ou d’une autre nous ne serons pas loin quand il faudra mettre la main au portefeuille.
Ce que l’on comprend, c’est que le président s’est aperçu que sa majorité traversait une période de turbulences, et qu’elle avait tendance à s’effilocher. Il était donc urgent de resserrer les rangs, et les boulons. Il a félicité ses députés de ne pas être des professionnels, mais des amateurs, dont le manque d’expérience serait la principale qualité. Des compliments pires que des insultes, de mon point de vue, et qui ne mettront guère de baume au cœur de ces « Marie-Louise » considérées comme de la chair à canon, que l’on envoie défendre une position puis son contraire selon l’humeur du chef. La stratégie du petit four suffira-t-elle à ressouder une majorité qui a découvert qu’elle portait le chapeau de l’impopularité alors qu’elle pensait représenter la France moderne qui se débarrasserait des vieilles lunes de l’Ancien Monde, et des personnes démodées qu’ils ont virées en 2017 ? Alors, oui, il y a bien un pilote dans l’avion, mais est-ce qu’il sait où il nous emmène, c’est moins sûr.