Qui perd perd…

Comme aurait dit Coluche, à partir de maintenant on joue avec votre argent… ou point de vue d’une citoyenne ordinaire qui se prend pour une économiste !

C’est un fait indéniable, l’espérance de vie de l’homme a augmenté, toutes moyennes confondues en France, elle est de 82,27 ans. Cette espérance était imputable à la fois à de meilleures conditions de travail, à une meilleure prise en compte des soins médicaux, et d’une façon générale des meilleures conditions de vie. Pourtant cette espérance de vie a stagné depuis 2014, en corrélation sans doute avec la dégradation des conditions de travail. En effet, l’importance du chômage a vu naître des emplois peu qualifiés sous-tendus par de nouvelles pénibilités, compromettant la longévité.

Après 65 ans, l’espérance de vie « sans incapacité » est de 11 années pour les femmes, et de 10 années pour les hommes.

Ces « années bonheur », pour ceux qui bénéficient d’une retraite méritée, sont en partie occupées par des activités sportives, vélo, natation, créatrices, culturelles, cinéma, théâtre, chorale, bricolage, voyages, engagement dans le bénévolat. Toute une génération, qui a donné lieu à la création de ce qu’on appelle « la Silver économie », développant la consommation des produits et des services pour seniors et créatrice d’emplois.

Que deviendra cette économie quand on appliquera la réforme des retraites, dont l’impact sur le pouvoir d’achat sera inévitable, le niveau moyen d’une retraite pour les moins riches subira une baisse évidente.

Le calcul de son montant en fonction des points accumulés au cours d’une carrière est une vraie trappe à précarité pour les exclus du travail… les points seront gagnés en fonction des cotisations pendant le temps de travail, aussi bien à la caisse principale qu’aux caisses complémentaires devenues obligatoires.

En cas de chômage indemnisé, quelques points seront accordés, mais que deviendront les chômeurs qui n’ont plus aucun droit ? Combien de points pourra accumuler un senior qui se voit souvent relégué à un emploi précaire, quand il a un emploi ?

Quels emplois seront laissés aux jeunes, si les seniors sont maintenus dans leur poste jusqu’à 64 ans ? Pour eux aussi, pas de cotisations, pas de points, pas de points, pas de bonbons ! Pas de revenus injectés dans l’économie, donc pas de croissance, pas de croissance, pas de nouveaux emplois !

Autre effet domino, des travailleurs, en plus de ne plus être une manne pour la consommation, partiront fatigués, usés par leurs activités, auront davantage besoin de soins, à la charge de la collectivité pour ceux dont les revenus seront trop bas, besoin aussi d’être accueillis dans des institutions spécialisées dont il faudra augmenter les capacités d’accueil, et les personnels…

Ma vision sûrement simpliste me fait sérieusement douter de l’efficacité de cette réforme « mal ficelée » aux dires du Conseil d'état, pour le redressement économique de la France !

Rien de tout cela n’incline à l’optimisme, et je suis de tout cœur avec les salariés de la génération qui va payer la première les pots cassés, pourront-ils profiter de leur vieillesse, ce temps mérité pour jouir encore de la vie, libérés du poids du travail* ?

 L’invitée du dimanche

*instrument de torture

 

 

 

Commentaires  

#1 Claude 09-02-2020 10:54
Moi non plus, je ne suis pas économiste, mais j'ai compris une chose, c'est que l'économie, comme le PMU, est un jeu à somme nulle. Pour un gagnant, il faut beaucoup de perdants et il y a peu d'erreurs de la banque en votre faveur à espérer. Le regretté Bernard Maris disait qu'il y avait un gâteau à partager, et que les parts étaient notoirement inégales, mais que le plus important c'était de savoir qui tenait le couteau. En ce moment le chef n'est guère partageur.
Citer