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Satisfecit
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 4 novembre 2019 10:23
- Écrit par Claude Séné
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On n’est jamais si bien servi que par soi-même. C’est ce que Jean-Michel Blanquer a bien compris en se décernant un brevet d’excellence mâtiné d’un brin de fausse modestie pour commenter les résultats des évaluations en CP et CE1, qui font apparaître des progrès « significatifs » dans les matières fondamentales. Le ministre de l’Éducation remercie pour la forme les enseignants, dans une sorte d’exercice imposé, comme le lauréat d’un prix d’interprétation remercie ses parents « sans qui rien n’aurait été possible », mais tout le monde comprend que le mérite lui en revient.
Ce serait donc son intuition sur le dédoublement des classes de CP dans les quartiers les plus difficiles qui serait à l’origine de cette « remontada » du niveau des élèves après des années de gabegie et d’incurie dus à ses prédécesseurs. Sans compter le retour aux bonnes vieilles méthodes traditionnelles travesties en innovations pédagogiques majeures. C’est gravement méconnaitre une réalité que tout acteur du système éducatif peut percevoir immédiatement, à tous les échelons de ce ministère : la machine de l’éducation se conduit comme un paquebot, dont la force d’inertie est considérable. Demandez au capitaine du Costa Concordia ce qu’il en pense. Il ne suffit certainement pas de deux ans pour voir des effets durables d’une politique éducative, sachant que les circulaires ministérielles passent, mais que les enseignants restent, en faisant de leur mieux avec leur formation souvent insuffisante, mais aussi leur bon sens qui ne les incite pas à se précipiter sur la dernière lubie gouvernementale. Comme à l’armée, il n’est pas rare que le troufion enseignant attende le contre-ordre avant d’exécuter la consigne, et l’on ne peut pas lui donner tort au vu de certaines réformes, enterrées avant d’avoir vraiment vu le jour.
Le président de la FCPE, principale fédération de parents d’élèves, soupçonne le ministre de faire de la publicité, voire de la propagande, en tout cas sa propre promotion sur le dos des élèves et des enseignants qu’il instrumentalise à loisir. Si l’on paraphrase le discours gouvernemental à propos de la SNCF, les enfants sont les otages des ambitions de ces politiques arrivistes uniquement préoccupés par leur maintien au pouvoir, et pour qui la réussite des élèves n’est qu’un moyen de parvenir à leurs fins. Si le dédoublement des classes va dans le bon sens, la philosophie qui est derrière n’est pas nécessairement la meilleure. Améliorer le taux d’encadrement ne permet pas, à lui seul, de créer un modèle d’éducation plus coopératif, dans lequel le plus grand nombre trouvera son compte. Faut-il être rendu bien bas pour en être réduit à agiter une carotte financière comme en Seine-Saint-Denis pour tenter de motiver des fonctionnaires, enseignants et autres, à dépasser des conditions de travail infâmes auxquelles on n’apporte pas de remèdes par ailleurs ?