Pas vu pas pris…

C’est ce que le gouvernement espère lorsque au 1er janvier 2020, il aura supprimé l’ONPES, (observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale), parti dans la charrette de toutes les administrations comportant moins de 100 employés, au prétexte de faire des économies (de bout de chandelle)

Cet organisme indépendant unique en Europe, existe depuis la loi d’orientation de 1998, il comprend 27 membres nommés par arrêté du 27 décembre 2013, représentants de grandes administrations, ministère de l’économie, direction des statistiques, ministère du travail et des affaires sociales, des chercheurs, des universitaires spécialisés en France et en Europe.

Il publie un rapport annuel, destiné au premier ministre, au Parlement et au public. Il est le résultat d’un travail expérientiel et scientifique, qui éclaire le débat public sur la réalité du phénomène de pauvreté et d’exclusion en rassemblant des données relatives aux situations de pauvreté, de précarité. Son objectif est de permettre la compréhension des mécanismes économiques et sociologiques qui conduisent un Français sur 10 au-dessous du seuil de pauvreté, et d’informer sur l’évolution des phénomènes d’aggravation.

En 2016, son rapport éclairait sur l’invisibilité sociale, en 2018, il donnait à voir le mal logement, et ses implications sur la compromission de la vie sociale.

Son analyse sur l’efficacité des aides sociales, rempart contre le risque de tomber dans l’extrême pauvreté, ainsi que sur les nécessités des dépenses obligatoires pour respecter les droits élémentaires des individus à une égale dignité, reconnaissait que ces aides (dont certains bénéficiaires ignoraient même leur droit à y accéder), ne suffisaient pas à contenir la grande pauvreté.

L’ONPS constatait aussi une exclusion sociale durable pour les jeunes non diplômés, les familles monoparentales, les adultes isolés et concluait qu’il fallait lutter contre les causes sans affaiblir pour autant le fait de la solidarité sociale.

Il s’est permis aussi de donner un avis au Sénat, au Conseil économique, social et environnemental et à la Cour des Comptes sur la mise en place d’un possible revenu universel, et/ou d’un revenu minimum garanti dont il a détaillé les différentes applications sur les actions économiques et sociales possibles : majorer les dépenses publiques dédiées à l’accompagnement vers l’insertion sociale et professionnelle, renforcer les services publics répondant aux besoins du citoyen, car la lutte ne se réduit pas à l’attribution d’un revenu, mais à l’accès aux soins, à l’éducation, au logement , à la culture pour donner à chacun le pouvoir d’agir et de participer effectivement à la vie sociale.

 L’ONPS va jusqu’à évaluer le revenu minimum décent à 1424 € pour une personne seule, 3284 € pour un couple avec deux enfants, permettant d’être bien logé, d’avoir une voiture d’occasion, de partir en vacances !!! C’est de l’humour noir, actuellement il est de 780 € pour une personne seule et 1999 € pour un couple avec enfants, pour les 9 millions de personnes concernées par la pauvreté !

On comprend pourquoi cet organisme dérange, le taux de pauvreté ayant augmenté en 2018 pour atteindre 14,7 % de la population, le meilleur moyen de résoudre le problème, c’est de faire taire ceux qui alertent, détourner le regard de ces salauds de pauvres qui brouillent l’horizon, casser le thermomètre pour ne plus voir la maladie.

PS : L’INHESJ et l’ONDRP qui lui est rattaché, observant la sécurité et à la délinquance, et la Miviludes surveillant les dérives sectaires, tous indépendants, sont aussi supprimés, pour être remis à leur ministère respectif d’où on ne les entendra plus beaucoup. Notre monarque n’a besoin de l’avis de personne !!!

L’invitée du dimanche