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Homo politicus
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 18 octobre 2019 10:38
- Écrit par Claude Séné
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Julien Odoul a enfin réussi son coup. Depuis une semaine, et son indignation parfaitement calibrée contre la présence d’une femme voilée dans l’enceinte du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, on ne parle que de lui. Il a été invité sur tous les plateaux télé, se payant même le luxe de mettre un vent à Cyril Hanouna en se décommandant à la dernière minute de son émission. Et même s’il a été à juste titre l’objet d’attaques souvent virulentes comme celles de Laurence Ferrari sur Cnews, au bout du compte il a obtenu ce qu’il souhaitait : faire parler de lui.
Julien Odoul est le prototype du nouvel homme politique, qui choisit ses combats et ses engagements dans le strict respect de ses intérêts personnels et de tout ce qui pourrait favoriser sa carrière. Dans la politique « à l’ancienne », il n’était pas rare de constater une lente dérive de la gauche vers la droite, nombre de personnalités ayant commencé comme Jacques Chirac par vendre l’huma, avant de glisser inexorablement vers les partis conservateurs. Julien Odoul, quant à lui, semble avoir cherché dès le départ à se propulser au sein de la formation susceptible de lui assurer la progression la plus rapide. À 21 ans, en 2006, il tente sa chance au PS. Il soutient alors Laurent Fabius, candidat aux primaires en vue de l’élection présidentielle. Pas de chance, ou manque de flair, son poulain n’obtient que 18 % et Ségolène Royal est désignée dès le premier tour. Cinq ans plus tard, il récidive avec l’UDI, le parti centriste fondé par Jean-Louis Borloo, qui à l’époque semble promis à un très bel avenir. Las ! victime d’ennuis de santé, Borloo renonce à briguer un destin national.
Julien Odoul se rend compte que son ascension est barrée par trop d’éléphants et de barons dans les partis traditionnels. Le Front national recrute. Marine Le Pen cherche des têtes nouvelles pour incarner le nouveau visage d’un parti dédiabolisé. Précisément, l’image, c’est la force de Julien Odoul. Il a déjà posé pour le magazine Têtu, une revue gay, et un journal allemand similaire, Gab, mais il précise qu’il n’est pas homosexuel. Il adhère en 2014, mais il devra attendre la sécession de Philippot et le départ de Sophie Montel pour être désigné président du groupe Rassemblement national au conseil régional. Pour cet homme pressé, c’est encore trop long. D’où ce coup d’éclat médiatique pour se montrer en pleine lumière, quitte à en irriter certains dans son propre parti. Cette prétention et cette arrogance feraient sourire si l’on ne se rappelait pas que c’est ce type d’ascension fulgurante qui a permis à un parfait inconnu de se hisser au plus haut sommet de l’état en quelques années.