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Chimères
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 17 octobre 2019 10:28
- Écrit par Claude Séné
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Dans la mythologie grecque, la Chimère était un monstre fabuleux à la tête et au poitrail de lion, le ventre d’une chèvre et pourvu d’une queue de dragon. De plus, cette créature crachait le feu et elle était donc effrayante à plus d’un titre. En tant que nom commun, elle est devenue le symbole de monstruosité, d’imaginaire négatif, comme une utopie qui aurait mal tourné. C’est aussi le nom que les biologistes ont conservé pour désigner des organismes issus de génomes différents.
C’est donc tout naturellement que les opposants à la PMA pour toutes les femmes se sont saisis de cet épouvantail qui apparait à l’article 17 de la loi de bioéthique qui vient d’être adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale. La formulation de la loi introduirait, selon eux, la possibilité de créer des êtres mi-hommes, mi-animaux, au hasard, à moitié singes, un tabou vieux comme l’humanité elle-même, et dont l’opprobre rejaillirait sur la PMA. J’en veux pour preuve la présentation à charge de ces embryons chimères sur le site Infochrétienne.com, où l’article encadre un entrefilet invitant à signer la pétition « non à la PMA sans père ». C’est la bonne vieille technique de l’amalgame, qui fonctionne toujours. On présente une disposition sans lien direct avec le sujet de la PMA pour en faire un repoussoir destiné à faire rejeter l’ensemble du texte.
Malgré son nom connoté négativement, la recherche sur les embryons pourrait à terme déboucher sur la fabrication d’organes destinés à soigner des patients en attente de greffe par exemple. La nouvelle loi lèverait un flou juridique en précisant explicitement que l’inverse ne serait pas possible, c’est-à-dire l’interdiction de modifier un embryon humain par adjonction de cellules d’autres espèces. On peut comprendre les réticences des chrétiens les plus convaincus devant les questions éthiques soulevées par les recherches scientifiques, mais nous sommes loin du sujet de la PMA pour toutes. Les mélanger ne peut avoir pour but que de créer une confusion dans l’esprit du public. Les controverses de l’époque de la loi ouvrant le mariage aux homosexuels étaient déjà traversées par des argumentations selon lesquelles la société s’effondrerait si l’on sapait un de ses fondements les plus essentiels. 7 ans après, la société est toujours là, et la Manif pour tous a perdu de son influence. La catastrophe annoncée n’ayant pas eu lieu, les militants les plus convaincus ont livré un baroud d’honneur, mais n’ont pas mobilisé les foules qu’ils espéraient. Il semble bien que les idées chimériques aient changé de camp. Ce sont les « tradis » qui les portent désormais. La société réelle, elle, démontre de plus en plus qu’elle est plurielle et qu’elle ne suit pas un seul modèle, qui serait dicté par les croyances et les valeurs de l’Église catholique.