Jusqu’au bout de la nuit
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 28 juin 2019 10:44
- Écrit par Claude Séné
Que s’est-il passé exactement dans la nuit du 21 au 22 juin à Nantes ? Ce devait être une soirée organisée à l’occasion de la fête de la musique. 10 camions de son avaient pris place dans un quartier désert de friches industrielles pour diffuser un concert de musique techno. À l’arrivée, 14 personnes ont dû être repêchées dans la Loire où elles étaient tombées, dans des circonstances que l’enquête devra déterminer, et un jeune homme de 24 ans est porté disparu, probablement noyé, bien qu’on ne dispose d’aucun témoignage précis.
Tragique accident, malheureusement imprévisible ? Pas si sûr. La fête était autorisée, et surveillée par la police, mais aucune précaution particulière n’avait été prise du fait de sa proximité avec la Loire, alors que d’autres cas de noyade accidentelle sont survenus dans le passé. Mais rien de fâcheux ne serait sans doute arrivé si la police n’avait pas reçu consigne de faire cesser la fête à l’heure dite, 4 heures du matin, sans tolérance ni discernement. Des affrontements entre fêtards et policiers s’ensuivent. Des lacrymogènes et des grenades de désencerclement répondent à des jets de projectiles. Un début de panique et de fuite devant les forces de l’ordre aboutit à ces chutes dans le fleuve. Les pompiers les repêcheront, mais on est toujours sans nouvelles depuis lors de Steve, jeune homme sans histoires, animateur de périscolaire dans la proche banlieue de Nantes, et qui ne savait pas nager. Ses amis veulent croire au miracle, mais l’espoir est particulièrement mince.
Cette affaire arrive après de longs mois de tensions entre population et forces chargées du maintien de l’ordre, soumises à l’exécution de consignes parfois aberrantes. Les syndicalistes policiers le reconnaissent à leur manière en mettant l’accent sur la difficulté de remplir leur mission sans se mettre eux-mêmes en danger. Nul ne sait pour l’instant qui a donné l’ordre de stopper la fête par tous les moyens, alors qu’elle ne dérangeait pas grand monde. L’IGPN est saisie d’une enquête dont on espère qu’elle aboutira et qu’elle fera la lumière sur les circonstances exactes et la responsabilité éventuelle des autorités. Pour Steve, il est malheureusement bien tard, alors que les recherches se poursuivent. Si elles avaient débuté dès le matin suivant la fête, elles auraient sans doute eu une chance d’aboutir. Il a fallu attendre le dimanche, et le signalement pour disparition inquiétante déposé par la famille, pour mettre en marche la machine, sans succès jusqu’ici. La plus élémentaire des prudences aurait été d’éviter toute intervention musclée sans nécessité absolue dans un site aussi proche de l’eau. Les fêtards auraient bien fini par se lasser, et Steve serait probablement encore là pour s’amuser avec ses amis, qui l’attendent encore, contre toute raison.