Ça n’en finira donc jamais ah la la ah la la
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 27 juin 2019 10:41
- Écrit par Claude Séné
C’est ce poignant cri du cœur que poussait Pierre Desproges à propos de je ne sais plus quoi, et qui possède l’immense avantage de pouvoir être placé dans n’importe quelle circonstance. En l’occurrence, je voudrais l’utiliser pour commenter la sortie du dernier ouvrage de Nicolas Sarkozy, sobrement intitulé « Passions » dans lequel il s’étend longuement, parait-il, sur les raisons qui pourraient le pousser à faire un retour en politique après n’en être jamais parti, malgré les rebuffades de militants ingrats.
C’est Nicolas Sarkozy lui-même qui l’affirme : « entre la France et moi, ce ne sera jamais fini ». Euh ! comment faut-il le lui dire ? Ben, si. Marianne a quitté le domicile conjugal, et elle a bien juré qu’on ne l’y reprendrait plus. Dire qu’elle s’épanouit dans les bras de Macron serait un tantinet exagéré. Elle a enfilé son gilet jaune et elle attend patiemment des jours meilleurs. Si elle rêve du grand amour, ce n’est pas pour renouer avec un passé définitivement révolu, à mon humble avis. Les Français sont ainsi faits qu’ils vont probablement assurer un succès de librairie au livre de l’ancien président, friands qu’ils sont de secrets d’alcôve et de vengeances posthumes. Mais si Jacques Chirac est devenu populaire après sa retraite, une fois retiré des affaires, personne n’aurait imaginé une seule seconde, à part Jean-Louis Debré, le voir revenir à l’Élysée. N’est pas Charles de Gaulle qui veut, et encore a-t-il trouvé probablement sa traversée du désert bien longue après son départ du pouvoir en 1946 et son retour aux forceps en mai 1958.
Sarkozy l’affirme cependant haut et fort : ce livre n’est pas un ouvrage politique destiné à relancer sa carrière politique, car, dit-il, il est passé à autre chose, mais, bon, on ne sait jamais. Ce ne sont pas non plus ses mémoires, bien que le moindre rappeur trentenaire juge urgent de faire profiter les jeunes générations de son immense culture et de sa profonde expérience. Alors, qu’est-ce que c’est ? Les journalistes privilégiés bénéficient généralement de la primeur des « bonnes feuilles » avant la parution d’un ouvrage. Apparemment, contrairement à la tradition, c’est l’auteur lui-même qui a écrit son livre, au lieu de se contenter de le lire, et encore pas en entier, comme la plupart des autres politiques, bien trop occupés à faire savoir ce qu’ils devraient faire pour trouver le temps de s’adonner aux joies de l’écriture. Si vous en doutez, tâchez de trouver les passages où Nicolas Sarkozy se raconte au passé simple, comme un écolier laborieux dans une rédaction de certificat d’études, se terminant souvent par : « et nous rentrâmes, fatigués, mais contents de cette belle journée ». Le dernier service à rendre à la France ? S’éclipser le plus discrètement possible.