Le viol selon Trump

Il fait beaucoup penser au sketch de Coluche racontant celui d’une Monique heureusement imaginaire. Accusé de viol par une éditorialiste américaine dans les années 90, Donald Trump trouve le moyen de se défendre en ajoutant la muflerie, la goujaterie et le sexisme au crime dont il s’est rendu coupable. Sa première réaction est de déclarer que la journaliste en question ne serait pas « son type de femme ». On se pince, tellement on croit rêver. Cette défense, en plus d’être pitoyable, est d’une indigence à pleurer. On croirait entendre Patrick Balkany, c’est dire.

Car enfin, si Jean Carroll avait été son genre, cela sous-entend qu’il admettrait l’avoir effectivement violée ? Cela ressemble furieusement à un aveu, si les mots ont encore un sens. À aucun moment, Donald Trump ne dément point par point les détails précis délivrés par son accusatrice à l’appui de ses propos ni ne prend position sur le viol en général pour le dénoncer avec toute la vigueur nécessaire. Il se contente de démentir le fait, purement et simplement, en retournant l’accusation contre la victime, comme il a coutume de le faire quand il est embarrassé. De même que les femmes qui racontent comment le président actuel a acheté leur silence pour ne pas qu’elles divulguent ses relations extra-conjugales sont taxées d’être vénales, la journaliste serait soupçonnée de vouloir assurer la promotion de son livre, publié en ce moment.

La vérité c’est que le président se croit au-dessus des lois, et qu’il est persuadé que sa base électorale le soutiendra en toutes circonstances, ce en quoi il n’a pas complètement tort, malheureusement. Donald Trump n’en est pourtant pas à son coup d’essai. La conversation enregistrée à son insu par un journaliste, où il décrit avec une vulgarité effrayante sa conception des relations avec les femmes, reproduit exactement la manière dont Jean Carroll a été agressée. Tout en sachant que ses actes sont rigoureusement contraires à la loi, il semble tenir le raisonnement dont Coluche se moquait, en affirmant qu’ils étaient bien gentils de violer Monique. Si ça se trouve, Donald a dû passer outre ses principes pour violer une femme qui n’était pas son genre. Vous voulez que je vous dise ? Cet homme est un saint, un bienfaiteur de l’humanité, surtout féminine, qui fait passer son altruisme avant la satisfaction de ses besoins naturels, qui l’auraient poussé vers des femmes plus séduisantes. Brassens le chantait déjà en rendant « gloire à Don Juan » qui voulait à toute force séduire la plus vilaine, la délaissée, qui, sans lui, serait morte pucelle. On a violé Monique ? Bon, d’accord, mais on ne porte pas plainte.