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Cachez ces morts que je ne saurais voir
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 29 juin 2019 10:36
- Écrit par Claude Séné
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Le cliché a fait le tour de la planète Internet en quelques heures. On y voit un père et sa fille de 2 ans, noyés au bord d’un fleuve, allongés sur la berge, se tenant encore par les épaules. Une image-choc, difficilement soutenable, qui rappelle celle du petit Syrien, Aylan, retrouvé mort lui aussi sur une plage turque, et qui avait contribué à la prise de conscience de l’atrocité du conflit qui poussait des populations entières sur les chemins de l’exil.
Les noyés du Rio Grande ne sont que des exemples et des symboles de la crise migratoire qui secoue le continent américain. Le père et sa fille étaient originaires du Salvador et avaient dû traverser le Guatemala et le Mexique, soit 3200 km, pour tenter de passer aux États-Unis, malgré les risques et les dangers, en espérant fuir la misère endémique de leur pays. La journaliste qui passait par là a pris ces clichés, comme une évidence. Ils ont fait la une du New York Times et ont été vus dans le monde entier. Et c’est là ce qui choque Charlotte d’Ornellas, journaliste à valeurs actuelles. Après avoir compati mollement au triste sort d’Oscar et de Valeria, elle s’en prend violemment aux bonnes âmes qui exploitent la misère humaine pour faire avancer leurs idées. À l’écouter, ces images portent atteinte à la dignité humaine et n’auraient donc jamais dû être diffusées. À mon humble avis, la dignité humaine est plus mise en péril par des propos de ce style que par les photos incriminées. Je ne sais pas s’il est nécessaire d’être réactionnaire pour travailler dans son journal qui défend un libéralisme outrancier, mais visiblement, ça aide.
Elle pousse le raisonnement plus loin en affirmant que ces personnes sont des cas particuliers, aussi tristes soient-ils, et ne peuvent donc justifier l’abandon des principes qui guident les États-Unis, et qu’elle ne remet naturellement pas en cause. Elle rejoint en cela Donald Trump, qui a trouvé le moyen de faire retomber sur son opposition démocrate la responsabilité de tous les morts qui tentaient de s’introduire illégalement dans le pays, en refusant de voter les crédits du fameux mur. Vous savez, celui qui devait être payé par les Mexicains selon les promesses de campagne. Lui aussi est embarrassé par ces photos, qui ont choqué l’opinion à juste titre. Faudra-t-il en arriver à des images aussi violentes pour faire honte à Matteo Salvini, vice-premier ministre italien qui persiste à refuser l’asile humanitaire aux 42 migrants recueillis en Méditerranée par le navire allemand Sea-Watch 3, et va jusqu’à arrêter la capitaine qui a forcé le blocus devant l’urgence des soins à apporter aux rescapés ?