Fils de…
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 20 mai 2019 09:16
- Écrit par Claude Séné
Fils de bourgeois
Ou fils d`apôtres
Tous les enfants
Sont comme les vôtres
Fils de César
Ou fils de rien
Tous les enfants
Sont comme le tien
Cette superbe chanson de Jacques Brel m’est revenue en mémoire à l’occasion d’une information pêchée au hasard d’un journal selon laquelle des évêques français allaient recevoir officiellement des enfants de prêtres au mois de juin, levant ainsi un tabou absolu de l’Église catholique, lié au célibat des prêtres, mais aussi au vœu d’abstinence sexuelle.
Il circulait autrefois une blague de VRP, une profession éminemment respectable, mais qui se faisait parfois l’écho des problèmes de société, spécialement quand ils se situaient en dessous de la ceinture. Il était question d’une réunion de prêtres qui discutaient de leur célibat, et soupiraient sur l’inertie de la hiérarchie en se lamentant : « le mariage des prêtres, nous ne le verrons pas de notre vivant, mais nos enfants, peut-être ». L’histoire reflétait l’immense hypocrisie de l’église catholique vis-à-vis de cette question, comme d’autres, la seule évocation de rapports sexuels des prêtres étant résolument bannie de toute discussion. Le simple fait de reconnaitre l’existence de ces enfants cachés constitue donc une avancée considérable, d’autant qu’elle n’a pas pu se produire sans l’aval du pape François en personne. Est-ce à dire que la question du célibat des prêtres est en voie de résolution ? Ce serait aller un peu vite en besogne. Malgré la crise des vocations et la possible interférence de cette question avec les affaires de pédophilie qui ont secoué le clergé apostolique et romain ces derniers temps, le dogme de l’abstinence n’est pas remis en question.
Si un prêtre veut se marier ou s’occuper d’un enfant qu’il aurait conçu « dans le péché », il devra renoncer à son apostolat. Pour l’église, l’engagement dans le statut de prêtre continue à être exclusif. L’église peut absoudre individuellement la brebis égarée, tant elle sait combien la chair est faible et le Malin, malin, mais la règle reste inchangée. Je ne sache pourtant pas que l’ordination de femmes dans d’autres religions ou le mariage de leurs prêtres ait nui en quelque façon à l’exercice de leur sacerdoce. J’aurais même tendance à penser le contraire. La frustration sexuelle est peut-être propice à l’élévation de l’âme pour certaines personnes, qui veulent vouer leur vie à la spiritualité, mais ne préjuge pas de la capacité à partager les souffrances d’autrui et à les soulager, si possible, ce qui devrait être le rôle, me semble-t-il, des gens d’Église. J’aurai cependant appris quelque chose : ces « fils de » sont réunis en association, celle des « enfants du silence », qui me permet de faire le lien avec le sujet de mon invitée du dimanche, hier, dont je vous recommande la lecture, si ce n’est déjà fait.