Paris brûle-t-il ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 16 avril 2019 10:55
- Écrit par Claude Séné
Un des monuments les plus importants de la capitale a été la proie des flammes hier soir. Ce que les troupes d’occupation nazies n’avaient pas réussi malgré les menaces dont avait fait l’objet Notre Dame de Paris au moment de la Libération, ce que les terroristes avaient projeté en programmant un attentat aux alentours de la cathédrale en 2016, finalement déjoué, un incendie accidentel l’a réalisé. Sous réserve de l’enquête qui devra se dérouler, il ne s’agirait pas d’un acte criminel, et l’on ne déplore heureusement ni victimes ni blessés, grâce au courage et au professionnalisme des pompiers.
Le président de la République s’est rendu sur place comme c’était son devoir et a reporté la diffusion de l’allocution qu’il avait prévue afin de divulguer les mesures qu’il compte prendre en réponse à la crise de confiance qui traverse le pays. On va peut-être dire que je fais preuve d’une méfiance excessive, mais chat échaudé craignant l’eau froide, je ne voudrais pas que le chef de l’état se croie autorisé, au nom d’une union nationale suscitée par l’émotion et l’attachement des Français à leurs grands monuments, à récupérer l’émoi légitime et à se mettre en avant comme le premier des patriotes. Sa première déclaration où il se projette dans un élan national qui se veut réaliser une union sacrée, ainsi que le lancement d’une souscription nationale, ne me dit rien qui vaille. Quelque tristesse que puissent éprouver les Français de cette atteinte à notre patrimoine commun, cela n’efface en rien les conséquences de la crise sociale que traverse le pays à la suite des choix budgétaires du président. Si les Français les plus aisés sont prêts à mettre la main à la poche pour reconstruire la cathédrale, ils auraient tout aussi bien pu financer la justice sociale et fiscale réclamée par les plus pauvres et les classes moyennes.
Cependant, j’ouvre les paris. En ce genre de circonstances, les appels à la générosité montrent régulièrement que ce sont souvent les moins aisés qui donnent, certes de faibles sommes en raison de leurs moyens réduits, et pas nécessairement les plus fortunés. Je ne suis pas loin de penser que si Emmanuel Macron n’a certainement pas commandité un incendie criminel, il a pu être tenté de retourner l’évènement à son avantage, comme il l’a fait régulièrement chaque fois que l’occasion s’en est présentée. Cela peut apparaître de bonne guerre, mais la ficelle finit par être trop apparente, et le cynisme trop évident. Les hommages appuyés, qui aux forces de l’ordre, qui aux pompiers, qui aux héros d’un jour comme le colonel Beltrame ou le jeune migrant escaladant un immeuble à mains nues pour sauver un enfant, sont autant de signaux adressés à l’électorat, bien difficile à garder captif ces derniers temps.