Lucidité
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 15 avril 2019 09:42
- Écrit par Claude Séné
C’est la qualité dont devra faire preuve le président Macron au moment de dévoiler les mesures qu’il a décidées dans le secret de son cabinet, et dont il espère visiblement qu’elles pourront mettre fin à la grogne chronique qui agite la société française depuis novembre dernier. Je doute fortement qu’il ait été touché par la grâce et qu’il ait enfin décidé de donner satisfaction aux revendications de tous les mécontents, dont le nombre s’accroit en permanence, le dernier en date concernant les urgentistes. Le fait de mettre en scène ses annonces pour créer de toutes pièces un sentiment d’attente n’augure pour moi rien de bon.
Le lancement des mesures présidentielles à la manière d’un clip promotionnel pour la dernière série à la mode me fait présager que l’emballage sera soigné, mais qu’on cherchera en vain les réponses aux préoccupations des Français. Emmanuel Macron ferait pourtant bien de se méfier. On a vu depuis quelques années monter dans le monde entier des mouvements populistes qui s’appuyaient sur l’aveuglement des masses abusées par de fausses promesses. L’élection de Donald Trump aux États-Unis, celle de Jair Bolsonaro au Brésil, le Brexit au Royaume uni, le succès des démagogues en Italie, en Hongrie ou en Pologne, celui de Recep Tayyip Erdogan en Turquie, et tout récemment de Netanyahou en Israël. Un mouvement assez généralisé et très inquiétant pour l’état de la démocratie dans le monde. Et puis, à l’inverse, il y a aussi des signes d’espoir qui montrent que parfois le peuple se lasse de se faire abuser et trahir par des clans, des cliques ou des mafias. On se souvient du soulèvement du peuple tunisien qui a forcé Benali au départ. En ce moment même, les Algériens, qui ont déjà obtenu la démission de Bouteflika, résistent au pouvoir qui veut se maintenir à tout prix sous une forme ou sous une autre. Il en va de même au Soudan, bien que l’issue soit très incertaine.
Ce qui signifie qu’au-delà d’un certain point d’exaspération, le peuple cesse d’être docile. Il peut même démontrer une grande lucidité à l’égard des manœuvres dilatoires qui ne visent qu’à conserver le pouvoir, coûte que coûte. Au-delà du fond et du contenu des mesures, il va falloir au président se montrer convaincant et surtout n’être ni paternaliste ni méprisant, comme il en a trop souvent donné l’impression. Si, pour une fois, il était sincère, je ne suis pas certain qu’il trouverait le cœur des gens ordinaires, tant sa personne en est éloignée. Il a retardé l’échéance avec une certaine habileté, mais il va bien falloir passer un jour à l’épreuve de la réalité concrète et je ne vois pas comment il pourrait tromper la majorité des Français et convaincre les gilets jaunes de renoncer à leurs revendications. Réponse ce soir.
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