Le mur d’en face
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 17 avril 2019 10:50
- Écrit par Claude Séné
Le dernier samedi de mobilisation des gilets jaunes, était le premier depuis l’entrée en vigueur de la loi anti casseurs, du moins ce qu’il en reste après la censure de son article 3, le plus arbitraire, par le Conseil constitutionnel. Il ne semble pas qu’il soit apparu de changement significatif, ni dans l’attitude des manifestants ni dans celle des forces de l’ordre. Quelques débordements, par-ci par-là, de chaque côté de la barricade, mais rien de vraiment inhabituel.
On voit clairement que la stratégie gouvernementale, faute de pouvoir interdire aux manifestants de s’exprimer dans un cadre pacifique et devant l’échec de la tentative de laisser pourrir le mouvement, essaie par tous les moyens de limiter un droit inscrit dans le préambule de la constitution. Parmi les mesures liberticides figure l’interdiction de se couvrir le visage, de quelque façon que ce soit, qui équivaut aux yeux des policiers à une préméditation d’actions violentes. Il suffit d’être pris dans un nuage de gaz lacrymogène pour comprendre que cette mince protection, il ne s’agit pas de masques à gaz non plus, est la seule façon de se prémunir un peu des effets toxiques. J’en viens au titre de cette chronique. Il y a fort longtemps, au lycée où j’étais supposé faire mes humanités, le « surgé », comprenez le surveillant général, avait décrété que les rassemblements d’élèves dans un certain coin de la cour portaient atteinte à l’ordre public. Et c’est ainsi qu’un certain nombre d’élèves se sont retrouvés « collés », consignés, le samedi suivant avec pour motif : « est appuyé sur le mur d’en face ». Brillante illustration de l’arbitraire d’un pouvoir sans limites, qui m’aura servi tout au long de ma vie, et dont je remercie donc l’auteur.
Autre exemple de ce renforcement idéologique des forces de répression, avec une nouvelle violence policière à Toulouse. Le 13 avril, une vidéo a été filmée montrant des CRS brutaliser une femme semblant appartenir à la presse, et un photographe qui tentait de lui porter secours. L’un comme l’autre ne possédait pas de carte de presse, ce qui n’excuse en rien les comportements observés. C’est pourtant ce que dénoncent les policiers qui se plaignent de la présence de journalistes, vrais, et qu’il leur faut protéger, ou faux et qui les gênent dans leur travail. On voit surtout qu’ils préfèreraient rester entre eux, sans témoins gênants susceptibles de filmer des bavures éventuelles. Avec la généralisation des smartphones, il faut qu’ils se fassent une raison, et tentent d’être irréprochables. Encore faut-il que leur commandement soit au niveau et que les politiques arrêtent la surenchère législative en empilant des textes qui finissent par être inapplicables.