
Jean-Claude Duss à Matignon
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 15 septembre 2025 11:21
- Écrit par Claude Séné

Sébastien Lecornu est le huitième Premier ministre nommé par Emmanuel Macron, dont 5 depuis sa réélection en 2022. Leurs caractéristiques communes sont d’avoir cherché à gouverner le pays autour d’un axe de plus en plus droitier, sans toutefois pouvoir s’appuyer sur une majorité solide. Au contraire, la base électorale du macronisme n’a cessé de s’effriter, au point de donner naissance, après la dissolution ratée, à une Assemblée nationale ingouvernable, où aucun groupe ne détient de majorité absolue. Après avoir ignoré superbement les demandes du Nouveau Front populaire qui voulait former un gouvernement, Emmanuel Macron semble décidé à faire une « ouverture » à gauche, comme Jean-Claude Duss dans les Bronzés font du ski.
Il faut dire que les derniers sondages ne sont guère encourageants. Le nouveau premier ministre démarre son mandat avec 16 % d’opinions favorables selon IPSOS, une sorte de record absolu alors que Bayrou était à 20 % lors de sa nomination. Mais près de la moitié des Français sondés disent aussi qu’ils ne le connaissent pas suffisamment, ce qui peut lui faire craindre le pire. Emmanuel Macron lui-même ne recueille que 17 % d’opinions favorables, dans ce même sondage. L’enquête IFOP réalisée presque en même temps donne des résultats similaires. Il y a donc le feu au lac, d’autant plus que le Rassemblement national réclame plus que jamais de nouvelles législatives dont il suppose pouvoir les gagner cette fois-ci et imposer son candidat au poste de Premier ministre. La France insoumise de son côté mise sur un départ, volontaire ou non, d’Emmanuel Macron. Ne restent donc que les autres composantes du NFP, et en particulier le PS, qui oscille entre réformisme et rupture presque depuis sa création.
Le rêve des macronistes serait donc de décrocher LFI de la gauche pour ne garder que les « raisonnables » avec qui ils pourraient négocier quelques concessions et se maintenir au pouvoir. Nous en avons déjà vu un aperçu avec les premières déclarations du Premier ministre. Le maintien des deux jours fériés est déjà acté, des améliorations sur la réforme des retraites seraient envisagées, et l’ancien Président François Hollande « exigerait » une contribution sur les grandes fortunes, sur le modèle de la taxe Zucman, sans la nommer. Ce serait à ce prix seulement que le futur gouvernement pourrait échapper à une censure inéluctable. François Hollande se veut ainsi le porte-parole de son parti, sans être mandaté pour cela. Si le Parti socialiste décidait de suivre cette ligne, il lui faudrait obtenir des garanties pour ne pas se faire rouler dans la farine et ne pas sacrifier le renouveau ultérieur de la gauche qui a réussi à limiter les dégâts en misant sur l’union. Emmanuel Macron n’a pas grand-chose à donner, hormis un maigre plat de lentilles.