Plus dure sera la chute

Quand on a 73 ans, que l’on milite pacifiquement en brandissant un drapeau arc-en-ciel en faveur de la paix, que l’on se fait bousculer et probablement matraquer pour ne pas avoir dégagé assez vite un emplacement certes interdit, mais où l’on n’occasionne aucun trouble à l’ordre public et qu’on se retrouve à l’hôpital sans comprendre réellement ce qu’il vous arrive, on n’a pas besoin de surcroît de recevoir de leçons d’un président largement responsable du climat détestable qui s’est installé en France du fait de son mépris des petites gens, « qui ne sont rien », comme il dit si bien.

La lourde chute de la militante d’Atac à Nice le 23 mars dernier, est le symbole de la violence d’un état qui, débordé lors des manifestations des Champs Élysées notamment, ne sait pas comment maintenir l’ordre républicain sans faire de dommages collatéraux. Pour cacher ses erreurs, le pouvoir s’enferre en rajoutant mensonges et abus de pouvoir à ses méthodes contestables et au défaut de commandement. Pourquoi avoir affirmé, comme l’a fait le procureur, qu’aucun policier n’avait approché Geneviève Legay, alors qu’un fonctionnaire avait reconnu être à l’origine de sa chute ? Cela aurait pu éviter à Emmanuel Macron de se ridiculiser en distribuant des conseils paternalistes à une personne largement en âge d’être sa mère. Et au procureur de devoir se déjuger publiquement. Cela pourrait lui servir d’entraînement, quand il sera contraint de reconnaître sa deuxième boulette. Il a en effet confié l’enquête sur le commissaire de police impliqué dans l’affaire à la propre compagne du fonctionnaire en question, comme le révèle Mediapart, « en toute connaissance de cause » et sans voir quel problème de conflit d’intérêts cela poserait. Une façon d’admettre implicitement qu’il souhaite laver le linge sale en famille et que l’enquête sera de pure forme.

Jusque-là, rien de neuf sous le soleil. L’affaire se corse avec la façon dont l’hôpital a géré la situation. La direction a donné des consignes pour empêcher la presse d’accéder à la patiente, bien que celle-ci ait accepté la demande d’interview, en raison de son état. Un état jugé cependant satisfaisant permettant de soumettre la blessée à un feu roulant de questions de policiers voulant à toute force lui faire dire qu’elle avait été poussée par des journalistes. On ne sait jamais, ça peut marcher, sur un malentendu. Pas de chance, Geneviève Legay se remet progressivement, elle a pu s’exprimer dans la presse et son avocat proteste, après le refus des autorités de dépayser l’affaire pour éviter les conflits d’intérêts. Voilà qui rappelle fâcheusement l’affaire Benalla, où nous sommes allés de surprise en surprise.

Commentaires  

#1 jacotte86 10-04-2019 11:18
il y aura bien une 3ème "bavure" qui mettra Jupiter au pied du mur de ses manipulations, il suffit d'être patient, il y a tellement de maladroits dans son équipe!!
Citer