Agenda
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 8 avril 2019 10:39
- Écrit par Claude Séné
Fier de mon dictionnaire tout neuf, et après la définition de la restitution dont je vous entretenais récemment, voici donc le tour de ce terme dont le sens est connu de tous, mais peut-être pas l’origine exacte. Tout le monde n’a pas forcément eu la chance toute relative d’étudier le latin, je rappellerai donc que le mot agenda est une forme verbale plurielle désignant les choses « qui doivent être faites » du verbe agere, agir. Et des choses à faire, il n’en manque pas dans la vie d’un président de la République.
Rien de bien étonnant donc a priori dans le fait qu’Emmanuel Macron n’ait pas trouvé une minute à lui pour se rendre à Kigali assister en personne aux cérémonies évoquant le génocide des Tutsis par le pouvoir Hutu en 1994. La faute à ce satané agenda ! Ne croyez surtout pas qu’il se désintéresse pour autant des (bonnes) relations avec le Rwanda. Songez qu’il envisage de faire du 7 avril une journée de commémoration du génocide, et qu’il a délégué Hervé Berville pour le représenter sur place. Sans faire injure à la personne du député la république en marche des Côtes-d’Armor, si sa présence se justifie par le fait qu’il soit d’origine rwandaise et qu’une partie de sa famille a été tuée pendant les massacres, il n’est pas un poids lourd du gouvernement. Si le Président est si occupé, après les 94 heures de prise de parole pour tenter de redorer son blason, il a peut-être pris un peu de retard en effet, il aurait pu manifester son intérêt en étoffant la délégation française d’au moins un ministre, et peut-être même le premier d’entre eux.
Je ne peux pas croire que cette désinvolture soit le signe du manque de courage du Président, qui n’aurait pas voulu aborder de front et en toute franchise le rôle de l’état français dans les évènements ayant conduit à la mort d’environ 800 000 Rwandais il y a 25 ans. Les marques de compassion, l’ouverture des archives françaises, la mise en place d’une commission spéciale sur le sujet sont des initiatives à saluer, à condition de ne pas en faire de simples vœux pieux. Un pays se grandit toujours à reconnaître ses erreurs. Emmanuel Macron rate une occasion de se donner le beau rôle à peu de frais, puisqu’il n’est pour rien dans la politique menée par la France à cette époque. Et le mot d’excuse pour sécher le voyage en Afrique n’est pas digne d’un chef d’État. Cela me rappelle le temps où les Guignols révélaient l’agenda supposé de Jacques Chirac, où tous les jours de la semaine étaient barrés d’un « débordé ! » rageur.
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